ANALYSE – Embourbé dans le labyrinthe de l’impossible réconciliation des récits entre les deux nations, le président de la République a initié un changement de ton avec Alger.
Emmanuel Macron n’est pas un Janus. Bien qu’il maîtrise mieux que quiconque l’art du double discours, il n’a pas trouvé le moyen de tendre la main au Maroc sans tourner le dos à l’Algérie. Ainsi, lorsqu’il s’est exprimé sur le Sahara occidental cet été, Paris a finalement tranché. Après des années d’ambiguïté, la France a reconnu la « souveraineté » de Rabat sur ce territoire contesté par les alliés d’Alger. Annoncée par le biais d’une lettre de l’Élysée fin juillet, cette décision a été confirmée lors d’un discours du chef de l’État mardi dernier. Le président a saisi l’occasion de son intervention devant le Parlement marocain pour officialiser cette position, suscitant les applaudissements des parlementaires locaux.
Il s’agissait du point culminant d’une visite d’État de trois jours, au cours de laquelle Emmanuel Macron a été accueilli avec tout le faste monarchique, entre les honneurs protocolaires et l’effervescence populaire. Une ambiance bien éloignée de ce qu’il avait pu vivre lors de ses passages précédents chez nos voisins maghrébins.
L’annonce de cette reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental a été perçue comme un geste fort de la part de la France envers son allié historique. En effet, Rabat et Paris entretiennent des liens étroits depuis de nombreuses décennies, et cette décision semble renforcer encore davantage cette relation privilégiée. Toutefois, elle a également été interprétée comme un abandon de l’Algérie, qui soutient activement les revendications du Front Polisario dans ce conflit qui dure depuis des années.
Dans ce contexte délicat de relations diplomatiques complexes et parfois tendues entre la France, le Maroc et l’Algérie, la position de l’Hexagone est scrutée avec attention par l’ensemble de la région. Les différents acteurs géopolitiques observent avec intérêt les évolutions de la politique étrangère française, cherchant à déceler les signes d’un rééquilibrage des alliances et des intérêts.
Pour Emmanuel Macron, ce choix de reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental peut être interprété comme une manière de renforcer les liens avec un partenaire clé de la région, tout en cherchant à apaiser les tensions avec Alger. Il s’agit d’une stratégie complexe et subtile, marquée par une recherche d’équilibre entre les différentes parties prenantes et les intérêts en jeu. Loin d’être un simple jeu d’échecs diplomatique, il s’agit avant tout d’une tentative de mieux comprendre les enjeux de cette région du monde et d’y trouver des solutions durables et pacifiques.