GRAND REPORTAGE – À l’occasion du 70e anniversaire du début du conflit qui allait secouer l’Algérie pendant huit longues années, plongeon dans les souvenirs du premier épisode, survenu lors d’une matinée de La Toussaint dans le massif des Aurès, qui allait embraser tout le pays.
Alger
Lentement, le vieux bus Citroën vert amande, d’une capacité de cinquante places, gravit le cirque naturel des gorges sèches et arides de Tighanimine, au cœur du massif des Aurès, à 1 800 mètres d’altitude. Nous sommes le 1er novembre 1954, il est 7 heures du matin.
À bord, des Chaouis, habitants des Aurès, et deux Européens, Jeanine et Guy Monnerot. Enseignants à Tifelfel, un hameau enclavé entre Biskra et Arris, le jeune couple originaire de Limoges souhaite profiter du week-end de la Toussaint pour se rendre à Arris chez des collègues et découvrir la région. Ils discutent avec un notable local, le caïd de M’Chouneche, Hadj Sadok. Des rumeurs circulent. La nuit précédente, des postes de gendarmerie et des fermes auraient été attaqués.
Soudain, le bus freine brusquement devant un amas de pierres situé au kilomètre 79. Des hommes armés surgissent de toutes parts. Une embuscade. Les rumeurs prennent vie. Une révolte ? Une révolution ?…
C’était le début d’une guerre longue et sanglante qui allait marquer l’histoire de l’Algérie et de la France. Les premiers coups de feu tirés ce jour-là dans les montagnes des Aurès allaient résonner dans tout le pays, annonçant le début d’une lutte pour l’indépendance qui durera près d’une décennie.
Les événements de cette journée tragique ont laissé des séquelles profondes dans les mémoires de ceux qui y ont survécu. Les témoignages recueillis plus tard ont révélé l’horreur de cette embuscade, le chaos qui s’est ensuivi et la détermination des insurgés à se battre pour leur liberté.
Aujourd’hui, alors que l’Algérie commémore le 70e anniversaire de ce premier acte de résistance, il est important de se souvenir de ceux qui ont sacrifié leur vie pour un idéal de liberté et de dignité. Leurs noms et leurs sacrifices ne doivent pas être oubliés, car c’est grâce à eux que l’Algérie est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, un pays libre et indépendant.
Que retenir de cette journée du 1er novembre 1954 ? Au-delà de l’horreur de la guerre et de la violence qui l’a accompagnée, il y a aussi un message d’espoir et de résilience. Les Algériens ont montré au monde entier qu’ils étaient prêts à tout pour défendre leur terre et leur dignité, et qu’ils étaient capables de surmonter les pires épreuves pour atteindre leurs objectifs.
En ce 70e anniversaire, rendons hommage à tous ceux qui ont participé à cette lutte pour l’indépendance, qu’ils aient combattu sur le terrain ou soutenu la cause de l’extérieur. Leur courage et leur détermination resteront à jamais gravés dans l’histoire de l’Algérie, comme un exemple de résistance et de lutte pour la liberté.