Dans une récente interview publiée par l’hebdomadaire Le Point, Nasser Bourita, le ministre marocain des Affaires étrangères, a souhaité clarifier la position du Maroc vis-à-vis des relations diplomatiques de l’Algérie, à la suite des vives réactions suscitées par la visite d’Emmanuel Macron, président de la République française, au Maroc. Cette visite a galvanisé un flot de commentaires dans les médias algériens ainsi que sur les réseaux sociaux, affichant une certaine sensibilité face aux alliances que tisse Rabat.
D’emblée, Bourita a exprimé avec fermeté que « le Maroc n’intervient pas dans les relations que d’autres pays entretiennent avec l’Algérie ». Cette déclaration met en lumière la volonté du Royaume de concentrer ses efforts sur ses propres relations bilatérales, sans se mêler des affaires extérieures de son voisin. Selon lui, chaque État a la liberté de forger les liens qu’il juge appropriés avec l’Algérie, une position qui s’inscrit dans une doctrine claire établie par Sa Majesté Le Roi.
Cette affirmation est d’autant plus pertinente que les relations entre le Maroc et l’Algérie ont toujours été teintées de tensions, notamment en raison du différend historique relatif au Sahara occidental. Bourita a souligné que si l’Algérie interprète le renforcement des relations du Maroc avec d’autres pays comme une menace, il s’agit là d’une perception qui relève de son propre jugement. Le ministre a souligné qu’il est de l’intérêt du Maroc de faire avancer ses relations bilatérales, en s’alignant sur des intérêts qui lui sont propres.
Il convient de rappeler qu’en réponse à la déclaration du président Macron lors de sa visite au Maroc, où il a reconnu la marocanité du Sahara, l’Algérie a abruptement rappelé son ambassadeur en France. Cette réaction, qui a eu lieu le 30 juillet, illustre l’inflation de tensions qui émaille les relations diplomatiques entre Rabat et Alger. Cet événement n’est pas un incident isolé; il trouve un écho dans d’autres choix politiques, tel le retrait également de l’ambassadeur d’Algérie en Espagne à la suite du soutien déclaré par Madrid au plan marocain d’autonomie pour le Sahara occidental, annoncé par le Premier ministre Pedro Sanchez le 18 mars 2022.
Bourita a donc cherché à apaiser les inquiétudes tout en réaffirmant que le Maroc ne sollicite ni ne souhaite interférer dans les affaires internes de l’Algérie ou dans ses relations internationales. Il a insisté sur le fait que Rabat privilégie ses propres intérêts en matière diplomatique, tout en aspirant à construire des relations de confiance et de coopération avec ses différents partenaires.
Cette déclaration de Bourita survient à un moment où les enjeux géopolitiques de la région deviennent de plus en plus complexes. La rivalité entre le Maroc et l’Algérie n’est pas seulement une question de territoire, mais elle englobe également des dimensions stratégiques. Les deux pays aspirent à renforcer leur influence dans un contexte régional marqué par des bouleversements.
En définitive, les propos de Nasser Bourita témoignent d’une volonté marocaine de continuer à avancer sans se laisser perturber par les mouvements diplomatiques des autres nations, tout en demeurant ouverts à la coopération. Le Maroc reste déterminé à tracer son propre chemin, armé de ses alliances, tout en observant avec attention la dynamique entre l’Algérie et ses partenaires internationaux. Dans ce jeu d’échecs diplomatique, chaque mouvement est scruté, et les implications des décisions prises aujourd’hui pourraient bien façonner le paysage politique de demain.