ANALYSE – Autrefois fervent partisan du candidat républicain, le Rassemblement National se montre cette fois-ci plus réservé et espère progresser dans sa quête de notabilisation sur la scène politique.
Le temps passe, mais François Hollande reste un observateur incontesté de la vie politique. Invité lundi sur BFMTV à la veille de l’élection présidentielle américaine, l’ancien président de la République – qui soutient la victoire de Kamala Harris – a souligné la « discrétion » de « Marine Le Pen et ses amis » concernant « ce qui se passe aux États-Unis, alors qu’elle s’était réjouie de la victoire » de Donald Trump en 2016.
Quatre ans après que le candidat républicain a quitté bruyamment la Maison Blanche, ses anciens partisans français se distinguent en effet par leur prudence. Ils refusent de s’engager aussi clairement qu’auparavant.
En 2016, Marine Le Pen revendiquait fièrement son soutien au milliardaire dont la rhétorique antisystème, protectionniste et anti-immigration résonnait avec la sienne. Après les victoires successives du Brexit au Royaume-Uni et de l’ancien magnat de l’immobilier aux États-Unis, la présidente du Rassemblement National espérait surfer sur cette vague populiste avant la présidentielle de 2017. Elle a même espéré rencontrer le nouveau président américain, qu’elle a attendu en vain dans le hall de la Trump Tower en janvier, quelques jours avant l’investiture du septuagénaire.
Depuis lors, les choses ont bien changé. Le Rassemblement National ne semble plus aussi enthousiaste à afficher son soutien à des mouvements politiques similaires à ceux de Donald Trump. Cette nouvelle attitude plus mesurée peut s’expliquer par plusieurs facteurs, notamment le changement de stratégie politique du parti, qui cherche à se positionner de manière plus traditionnelle dans le paysage politique français.
En effet, le Rassemblement National a entrepris depuis quelques années une démarche de normalisation et de notabilisation. Le parti cherche à se démarquer des mouvements populistes et extrémistes en Europe pour se présenter comme une force politique sérieuse et crédible. Cette évolution stratégique se traduit également par une prudence accrue dans les prises de position publiques, notamment en ce qui concerne les élections étrangères.
Cependant, cette prudence n’implique pas nécessairement un désengagement du Rassemblement National vis-à-vis des mouvements populistes. Le parti conserve des liens avec certaines formations politiques européennes partageant des idées similaires, tout en évitant de les afficher publiquement de manière trop ostensible.
Ainsi, la discrétion observée par Marine Le Pen et ses proches concernant les élections américaines peut être interprétée comme une stratégie délibérée visant à afficher une image plus modérée et consensuelle, en phase avec la nouvelle orientation politique du Rassemblement National.
En conclusion, le Rassemblement National semble opérer un changement stratégique significatif en matière de relations internationales, en adoptant une posture plus mesurée et nuancée vis-à-vis des mouvements populistes à l’étranger. Cette évolution s’inscrit dans une démarche de normalisation et de notabilisation du parti sur la scène politique française, en quête de légitimité et de crédibilité.