Titre : Kamel Daoud à l’honneur : Entre poésie et cruauté
Cette semaine, le monde littéraire est en émoi à l’annonce du lauréat du prix Goncourt 2024, Kamel Daoud. L’écrivain algérien, déjà célèbre pour son œuvre « Meursault Contre-Enquête », qui lui avait valu le Goncourt du Premier Roman en 2015, revient avec un ouvrage audacieux. Son nouveau roman, intitulé "Houris", nous plonge dans la violence de la guerre civile algérienne des années 90 à travers les yeux d’une femme, Aube, partiellement égorgée.
Kamel Daoud, par cette voix féminine, réinvente son récit, offrant une perspective poignante sur un personnage souvent oublié : celui de la victime. « Je n’ai fait qu’écouter mon siècle », déclare-t-il, mettant en exergue sa volonté de porter un regard critique sur les événements de son époque. Ce récit, à la fois violent et poétique, met en lumière les souffrances humaines tout en célébrant la résilience des personnes touchées par la tragédie.
De la douleur à la beauté, ce numéro d’« ETCETERA ! » ne s’arrête pas là. En effet, la programmation de cette semaine nous entraîne vers l’univers fascinant de la poésie, avec un focus sur Jorge Luis Borges, un auteur argentin qui a profondément influencé Daoud. Borges est reconnu pour sa capacité à capturer des émotions complexes et à jouer avec les concepts de temps et d’identité.
Dans le poème « Absence », tiré de "Ferveur de Buenos Aires", Borges explore la perte et la nostalgie. « Depuis que tu es partie, combien d’endroits sont devenus vains et dénués de sens ? » écrit-il, évoquant un sentiment d’angoisse intime résonnant de façon universelle. Par cette œuvre, le poète fait écho aux problématiques soulevées dans le roman de Kamel Daoud, rendant ainsi cet échange littéraire d’autant plus pertinent.
L’émission se tourne ensuite vers l’Algérie, avec un autre ouvrage captivant : "L’œil de la perdrix" de Christian Astolfi. Ce roman aborde l’amitié entre deux femmes, Rose et Farida, déracinées de leurs terres respectives. Rose, originaire de Corse, s’est installée à Toulon durant l’entre-deux-guerres, tandis que Farida a quitté l’Algérie pour rejoindre la France dans les années 50. Leurs parcours de vie, bien que différents, tissent une toile de solidarité et d’entraide face à l’exil et à la perte de repères.
Astolfi nous offre ainsi une belle réflexion sur les liens qui se créent entre des individus issus de cultures et d’histoires distinctes, révélant une part d’humanité essentielle dans un monde souvent marqué par les conflits. Ce récit, à la croisée des chemins, trouve également des échos dans l’écriture de Daoud, promettant des discussions enrichissantes autour de thèmes universels tels que l’identité, la guerre et l’exil.
En outre, nous retrouverons nos libraires francophones, qui partageront avec nous leurs coups de cœur littéraires. Dans ce contexte, Catherine Kohler, de la librairie Bostryche à Bienne, nous recommandera le livre "Le ventre de la forêt" de Marie-Hélène Poitras, un roman qui s’inscrit dans une tradition de narration riche et immersive.
Pour accompagner ce voyage littéraire, la musique sera également à l’honneur, avec des artistes tels que Dominique A et Rachid Taha, qui reflètent les ambiances évoquées dans les livres, ajoutant une dimension auditive à cette aventure culturelle.
Les pages de cette émission se tournent ainsi vers la compréhension et la découverte, célébrant la richesse de la littérature francophone et ses voix multiples. Que ce soit à travers le prisme de Kamel Daoud ou celui de Jorge Luis Borges, l’écho des mots résonne, nous rappelant que l’écriture peut servir de refuge et de miroir à nos existences.