Les relations entre le Maroc et l’Algérie connaissent une détérioration alarmante, marquée par des déclarations récentes du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Lors d’une audition devant la Commission des Affaires Étrangères de la Chambre des Représentants, Bourita a exprimé ses inquiétudes quant à des signes révélateurs d’une inclination militaire de l’État algérien envers le Maroc. Pour Rabat, ces tensions ne seraient pas simplement le fruit de tensions historiques, mais aussi d’intérêts internes algériens qui cherchent à détourner l’attention du public face à des crises internes.
Dans ses remarques, le ministre a mis en avant plusieurs éléments qu’il estime préoccupants, évoquant la possibilité que l’Algérie cherche à rediriger l’attention de sa population vers un conflit avec le Maroc. Avec des défis économiques et sociaux croissants, le gouvernement algérien pourrait être tenté d’utiliser le nationalisme pour unifier la population autour d’une menace extérieure, selon Bourita. Ce discours suit de près une allocution du roi Mohammed VI, qui a lui aussi souligné l’importance de garantir les intérêts stratégiques du royaume, en particulier sur le dossier sensible du Sahara Occidental.
Le Sahara Occidental a longtemps été une source majeure de tensions entre ces deux nations voisines. La position marocaine, qui revendique la souveraineté sur ce territoire, a dernièrement trouvé un soutien renforcé dans la communauté internationale. Rabat a réussi à obtenir l’adhésion de plusieurs pays à sa thèse sur la marocanité du Sahara, ce qui renforce sa position sur la scène diplomatique mondiale, au grand dam d’Alger qui perçoit cela comme une menace à ses propres ambitions dans la région.
Par ailleurs, les accords militaires conclus entre le Maroc et Israël ont également exacerbé les tensions. Signé en novembre 2021, cet accord de coopération suscite de fortes inquiétudes en Algérie, qui y voit un dangereux changement dans l’équilibre des pouvoirs en Afrique du Nord. Cette alliance militaire fait planer des doutes sur la sécurité nationale algérienne, renforçant les craintes d’une éventuelle coalition régionale visant à affaiblir les intérêts stratégiques d’Alger. Pour certains analystes algériens, cette coopération avec Israël pourrait être perçue comme un élément déstabilisateur, amplifiant le spectre d’une confrontation militaire aux portes de l’Algérie.
Les enjeux géopolitiques dans la région sont d’autant plus complexes avec l’arrivée de nouvelles dynamiques. Le soutien croissant du Maroc par certaines puissances internationales et la perception d’une menace terrestre par l’Algérie confèrent à cette crise une dimension plus large. Les réponses du gouvernement algérien pourraient bientôt passer par des mouvements politiques ou militaires, en quête de légitimité domestique face à une opposition croissante incarnée par des mouvements sociaux qui remettent en question le système en place.
En conséquence, les signes de militarisation et de raffermissement des positions diplomatiques pourraient donner lieu à des escalades inattendues. Alors que les deux pays continuent de se surveiller mutuellement, le climat actuel soulève des inquiétudes quant à la stabilité du Maghreb. Les interrogations sur la nature des relations entre Rabat et Alger demeurent ouvertes, tant les implications sont sérieuses tant sur le plan sécuritaire que diplomatique. L’histoire de l’Hostilité entre ces deux nations, combinée aux réalités contemporaines, encadre une situation potentiellement explosive qui nécessite une attention minutieuse tant des acteurs régionaux qu’internationaux pour éviter une escalade incontrôlable.