Les relations entre la France, le Maroc et l’Algérie sont à nouveau mises à l’épreuve, suite à une décision significative de Paris concernant le Sahara occidental. Le gouvernement français, sous l’égide d’Emmanuel Macron, a récemment choisi de soutenir sans réserve le plan d’autonomie proposé par le Maroc pour cette région contestée. Cette démarche pourrait engendrer des tensions supplémentaires avec Alger, déjà marquées par des années de rivalités géopolitiques.
Un virage dans la politique étrangère française
Le 30 juillet 2024, Emmanuel Macron a marqué un tournant dans les relations franco-marocaines en adressant une lettre au roi Mohammed VI, où il a exprimé son soutien au plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental, un projet datant de 2007. Ce changement de position est d’autant plus frappant qu’il survient après une longue période où la France se contentait de qualifier cette proposition de « base sérieuse et crédible de discussion », sans jamais s’engager explicitement en faveur de la souveraineté marocaine sur le territoire disputé. En choisissant d’adopter une position explicite, la France prend un risque diplomatique considérable, qui risque de provoquer des tensions accrues avec l’Algérie. Cette dernière considère le plan marocain comme une violation de l’autodétermination des Sahraouis.
Cette déclaration de Paris intervient après une escalade des tensions, notamment après la décision, en décembre 2020, de Donald Trump de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Soutenu par ce geste américain, le Maroc a intensifié ses efforts pour amener les pays européens, y compris la France, à adopter une position plus favorable. Initialement, Paris tentait de jouer les médiateurs pour éviter une escalade des conflits entre le Maroc et l’Algérie. Cependant, ce soutien au Maroc a élevé les tensions et a fait craindre à Alger que la France ne privilégie les intérêts marocains par rapport à ceux d’une relation historique et stratégique avec l’Algérie.
Réactions algériennes immédiates
La rapide réaction d’Alger face à cette prise de position ne s’est pas fait attendre. Quelques heures après l’annonce de Macron, l’Algérie a rappelé son ambassadeur à Paris, une décision qui témoigne de l’indignation ressentie par le gouvernement algérien. Les relations entre la France et l’Algérie, déjà minées par des différends sur des sujets mémoriels et des divergences politiques, se retrouvent à un nouveau seuil de tension. Ce développement risque de compromettre les efforts de réconciliation entre les deux nations, qui peinent encore à surmonter l’héritage de leur passé colonial commun.
Les implications de cette crise diplomatique ne se limitent pas aux seules considérations politiques. L’Algérie revêt une importance capitale en Afrique du Nord, notamment en tant que fournisseur de gaz naturel pour l’Europe. Des (conflits prolongés pourraient engendrer une diminution de la coopération sur les plan économique et sécuritaire entre la France et l’Algérie. En outre, le soutien de Paris au Maroc pourrait nuire à sa réputation sur la scène internationale, au sein des États africains et des nations arabes qui voient dans le Sahara occidental une question cruciale.
Une stratégie française risquée
Le statut du Sahara occidental est devenu un dossier central dans la dynamique diplomatique du Maghreb et par extension, dans les relations entre l’Europe et cette région. Le Maroc a su tirer parti du soutien de puissances extérieures, tel que les États-Unis et certains pays européens, pour renforcer sa position sur la question. Cela n’a fait que renforcer le sentiment déjà palpable d’isolement ressenti par l’Algérie, qui se voit opposée à un nombre croissant de nations, y compris à son ancien colonisateur.
Malgré les espoirs de Paris d’une stabilisation régionale grâce à son soutien au Maroc, cette politique pourrait se retourner contre elle à long terme. La richesse de l’histoire et la complexité des relations entre la France et l’Algérie rendent la gestion de ce dossier extrêmement délicate. L’incertitude quant à l’avenir immédiat de ces relations est particulièrement préoccupante, car il demeure incertain si le soutien au Maroc renforcera les relations économiques et diplomatiques avec ce pays ou s’il provoquera une détérioration des liens avec Alger, avec des conséquences potentiellement graves pour la coopération dans des domaines cruciaux tels que la sécurité, l’énergie ou la migration.
Pour l’heure, bien que la réaction algérienne soit mesurée, elle reste empreinte de fermeté. Le rappel de l’ambassadeur à Paris, bien qu’il s’agisse d’une mesure symbolique, représente un message clair dans le rapport de forces diplomatiques en cours. L’Algérie choisit de ne pas rompre complètement avec Paris, tout en réaffirmant sa position sur le Sahara occidental, interprétant la reconnaissance de la "souveraineté marocaine" par la France comme un affront direct à la légitimité de la lutte du peuple sahraoui pour ses droits fondamentaux.