ANALYSE – Pourquoi ressentons-nous le besoin de partir en vacances ? Que ce soit pour de courts séjours ou des congés prolongés, cette envie est nourrie par des obligations sociales pour certains, mais aussi par le besoin de déconnexion.
Pour certains, c’est un rituel social incontournable. Pour d’autres, c’est la clé d’une déconnexion réussie. Alors que les vacances et les week-ends prolongés s’enchaînent, beaucoup ressentent la pression du départ. Plage, ski, montagne : où partir ? Comment occuper ce temps béni pour les travailleurs et maudit pour les parents en quête de mode de garde ? « Pour se repositionner dans la vie, on considère qu’il faut changer de lieu, d’espace et de rythme », souligne le sociologue Jean Viard, co-auteur de L’an zéro du tourisme.
Les options semblent infinies, entre visites en famille, voyages organisés, escapades urbaines en Europe, ou expéditions lointaines. « Le départ est grandement valorisé dans nos sociétés. C’est beaucoup relayé par les médias et les réseaux sociaux. Le tourisme est un secteur économique et médiatique majeur, qui influence les représentations de ce qui est socialement valorisé », explique le sociologue Bertrand Réau, co-auteur de Sociologie du tourisme. En France, où le secteur touristique représente près de 8 % du PIB, ne pas y contribuer peut avoir des conséquences sur notre place dans la société.
Le voyage est devenu un élément clé du statut social, variant selon les destinations et la fréquence des pauses prises. « On ne part pas n’importe où et n’importe comment. Il faut déterminer quelle valorisation sociale on retire du voyage », ajoute Bertrand Réau. Historiquement, voyager loin de chez soi était une conquête sociale, ancrée dans nos sociétés. Les congés payés instaurés en 1936 ont contribué à forger la vision moderne du tourisme, avec des départs massifs pendant les Trente Glorieuses.
Malgré les inégalités, le besoin de changer d’air est ancré en nous, jouant un rôle crucial dans notre équilibre de vie. Partir répond à un besoin d’évasion, d’échappatoire au quotidien parfois oppressant. Dans un contexte économique et géopolitique incertain, le besoin de déconnexion est encore plus fort. Il ne s’agit pas forcément de partir loin, mais de lâcher prise et de profiter de l’instant présent pour se détendre pleinement.
En fin de compte, peu importe la destination ou la durée du voyage, l’essentiel est de savoir se déconnecter pour se ressourcer et revenir en pleine forme. Le tourisme n’est pas qu’une simple escapade, c’est un moyen de rompre avec le quotidien pour mieux y revenir ensuite.