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Rapportage – Les maisons Collin du Bocage et Barbarossa ont lancé la vente d’un spécimen exceptionnel ce samedi, ayant survécu il y a environ 150 millions d’années et en parfait état de conservation. Son estimation était entre 4 et 6 millions d’euros. Finalement, il a été vendu pour 6 063 000 euros, frais inclus, à un collectionneur.
Une véritable course à l’os. Tous les regards étaient tournés vers « Vulcain » ce samedi, un spécimen d’Apatosaure, anciennement connu sous le nom de Brontosaure, affichant une silhouette impressionnante de 20,50 mètres de long. Les enchères, organisées au domaine du château de Dampierre-en-Yvelines sous l’égide des maisons d’enchères Collin du Bocage et Barbarossa, ont tenu toutes leurs promesses. Estimé entre 4 à 6 millions d’euros, le plus grand dinosaure jamais vendu dans le monde s’est envolé à plus de 6 millions d’euros, frais inclus.
Les ventes records ne manquent pas. Initiée par Christie’s, la vente du premier squelette en France remonte à 2008. Un mécène américain achète alors le dénommé Cliff pour 592 000 euros. Deux ans plus tard, un spécimen atteint 1,3 million chez Sotheby’s. En 2018, la maison Aguttes crée l’événement avec une pièce adjugée à 2 millions. Citons également l’enseigne Binoche Giquello qui, en 2020, franchit la barre des 3 millions. « En 2021, j’aurais aimé acquérir Big John (un tricératops NDLR), nous confiait il y a quelques jours Franky Mulliez, propriétaire du domaine de Dampierre. J’avais même souscrit un prêt bancaire. Je m’étais fixé une limite de 3 millions d’euros. Malheureusement, la pièce est partie pour le double ». 6,6 millions exactement, frais inclus. Hors de portée, donc, du fondateur de Kiloutou, qui possède une magnifique collection d’objets mettant en valeur les sciences naturelles et les beaux-arts.
« Le fait de posséder un dinosaure signifie devenir maître du temps, toucher aux origines et aux mystères du peuplement de la terre », souligne le commissaire-priseur Olivier Collin du Bocage. « Il y a un désir de réaliser un rêve: passer du dinosaure en plastique au vrai », ajoute l’expert Eric Mickeler. Peu importe la montée des prix. Pas moins de 27,1 millions d’euros ont ainsi été déboursés en 2020 par le musée d’Abu Dhabi pour un squelette de T. Rex. En juillet dernier, ce sont 44,6 millions de dollars qui ont été versés pour un stégosaure Apex. Un record ! « Est-ce cher ? Oui, mais les prix ne sont pas ceux de l’art contemporain. On peut aussi acheter dans des foires – notamment aux États-Unis – des dents ou des griffes pour des sommes raisonnables », affirme Olivier Collin du Bocage.
« Ce n’est pas un Picasso, et c’est un produit valorisable », renchérit Eric Mickeler. Et notamment Vulcain, qui a conservé plus de 80% de sa masse osseuse originelle. Loin des 50% généralement répertoriés lors de la découverte d’un tel animal. Loin, par exemple, de son homologue du Museum d’Histoire naturelle de New York, dont le squelette provient de quatre espèces différentes. Il y a aussi son âge presque irréel, qui avoisine les 150 millions d’années. Sans oublier son crâne, presque intact. « C’est une avancée scientifique majeure, observe Eric Mickeler. Cette découverte nous permet d’en savoir beaucoup sur ses capacités physiques et intellectuelles ». Savoureuse sensation d’imaginer cette masse de 25 tonnes en train d’arpenter les vastes étendues d’antan…
Pour l’instant, Vulcain trône toujours devant le château où il a été exposé plusieurs mois. « Sa présentation a boosté notre fréquentation qui a été multipliée par deux, souligne Pascal Thévard, directeur général des lieux. Nous avons rencontré des passionnés depuis Jurassic Park qui ont transmis le virus à leurs enfants ». Le nouveau propriétaire le confiera-t-il à une autre institution, presque certain d’attirer les foules avec un tel spécimen ? Ce sera le cas, car il compte le confier à un musée. « Il sera un faiseur de roi », nous a prévenu Eric Mickeler, qui ne manque rien des aventures de Vulcain.
Tout est ici démesuré. Son extraction n’a-t-elle pas duré trois ans au cœur de la formation géologique dite « Morrison », qui couvre une superficie de 1,5 million de kilomètres carrés située notamment dans le Colorado et le Wyoming ? Un territoire où de nombreux aventuriers s’activent à la recherche de spécimens rares… et sont peu souvent récompensés de leurs efforts.
« C’est une avancée scientifique majeure », explique Eric Mickeler.
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