En difficulté, le groupe Elior sort la tête de l’eau et vise à renforcer sa présence aux États-Unis et en Asie.
« Cela a nécessité un immense effort pour redresser le groupe en 18 mois », insiste Daniel Derichebourg, le PDG d’Elior Group, principal concurrent français de Sodexo dans le secteur de la restauration collective. « Nous sommes en train de réussir la transformation du groupe : Elior est plus fort, plus agile, et poursuit son désendettement », assure le dirigeant qui envisage désormais un renforcement du groupe à l’international.
Rien n’était gagné d’avance lorsque en avril 2023, le groupe Derichebourg, spécialisé dans les services aux entreprises et aux collectivités (maintenance, entretien des espaces verts, accueil en entreprise, sous-traitance aéronautique, vidéosurveillance, nettoyage), a pris le contrôle à 48,3% du capital d’Elior. À cette période, le leader de la restauration collective, fortement endetté, traversait une grave crise. Il avait été durement touché par la crise du coronavirus, puis par la crise inflationniste. Il a fallu agir rapidement pour redresser la barre de ce groupe présent dans 11 pays, opérant principalement en France, et qui connaît aujourd’hui un « redressement significatif ».
Pour l’exercice 2023-2024 clôturé au 30 septembre, Elior enregistre une croissance du chiffre d’affaires de 5,1% à 6 milliards d’euros, dont 72% sont assurés par la restauration collective (4,3 milliards d’euros) et le reste par les services multiservices (1,65 milliard d’euros). Et « notre rentabilité opérationnelle s’est significativement améliorée », insiste Daniel Derichebourg. Avec un excédent brut d’exploitation (EBITDA) évalué à 333 millions d’euros, en hausse de 127 millions d’euros sur un an et de 225 millions sur deux ans. Malgré une perte nette de 41 millions d’euros en raison de charges fiscales élevées, le groupe affiche des performances en nette amélioration par rapport aux exercices précédents. « Nous n’avons plus de problèmes de financement », insiste le dirigeant. L’endettement se normalise, s’établissant à 1,2 milliard d’euros, en recul de 8% sur un an.
Pour sortir Elior de la crise, Daniel Derichebourg, un autodidacte, a lancé une réorganisation interne d’envergure. Réduction des effectifs, meilleure gestion… Le dirigeant a également décentralisé les services pour être plus proche des clients tels qu’Airbus, Carrefour et Renault. De nouvelles directions régionales ont été créées regroupant les activités de services et de restauration, et des commerciaux ont été recrutés. « En quelque sorte, nous avons recentré l’entreprise sur son cœur de métier », explique le patron. Cette réorganisation interne n’est pas terminée et les synergies seront poursuivies: l’objectif est d’économiser 44 millions d’euros et de générer 11 millions de revenus grâce à ces synergies d’ici 2026.
En parallèle, la nouvelle équipe dirigeante a revu les contrats conclus avec les clients: ceux qui n’étaient pas rentables ont été arrêtés et les prix ont été revus à la hausse, en raison de l’augmentation des cours des denrées alimentaires et de l’énergie. « Nous avons privilégié la rentabilité à la croissance du chiffre d’affaires », explique Daniel Derichebourg. Une stratégie qui a porté ses fruits. « Au cours des trois dernières années, nous avons finalement signé plus de contrats que nous n’en avons perdus », poursuit le PDG. L’entreprise a également bénéficié d’un environnement favorable pour mener à bien cette restructuration, les entreprises essayant de ramener leurs salariés habitués au télétravail depuis la pandémie. « La restauration est un outil permettant de fidéliser les collaborateurs et de faciliter leur retour au bureau », reconnaît le groupe.
Maintenant, le dirigeant est résolument déterminé à accélérer le développement du groupe et mise sur une expansion internationale dans les années à venir. « Nous envisageons un développement aux États-Unis et en Asie. Les acquisitions ne sont pas exclues », explique le PDG. Actuellement, un peu plus de la moitié de l’activité d’Elior est réalisée en France, un quart en Europe – notamment en Espagne et au Portugal – et le reste dans le reste du monde, notamment en Amérique du Nord et en Asie.
Un autre projet en cours est l’harmonisation des systèmes informatiques (comptabilité, logiciels de paie…) au niveau mondial pour gagner en efficacité d’ici 2027. « Il s’agit de mettre en place des applications communes et de converger les systèmes dans tous nos marchés », précise le groupe.