La situation critique de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, âgé de 75 ans, suscite une profonde inquiétude en France, et plus particulièrement dans la ville de Perpignan, où il a de nombreuses attaches. L’auteur, qui a récemment obtenu la nationalité française en 2024, a été arrêté le 16 novembre à l’aéroport d’Alger, à son arrivée d’un vol en provenance de France. Les circonstances entourant son interpellation demeurent floues, et plusieurs médias français rapportent que ses proches n’ont plus eu de nouvelles depuis son arrivée en Algérie.
Jean-Michel Pujol, ancien maire de Perpignan, a exprimé ses craintes concernant le traitement réservé à son ami. Pujol a souligné qu’il partage le même sentiment d’angoisse que d’autres figures littéraires et culturelles qui se sont récemment manifestées. Jean-Jacques Bedu, fondateur et secrétaire général du « Grand Prix Méditerranéen de littérature et de spiritualité », a également réagi à cette nouvelle alarmante, qualifiant l’arrestation de « situation extrêmement préoccupante ».
Dans son message d’inquiétude, André Bonet, adjoint à la Culture de Perpignan, a affirmé : « Je tremble de peur pour Boualem. » Il a également fait le lien entre cette situation et celle de Tahar Djaout, écrivain victime d’un attentat en 1993, illustrant ainsi la menace persistante pesant sur les voix critiques dans le pays. L’arrestation de Sansal rappelle des mémoires douloureuses et souligne le risque encouru par ceux qui osent s’opposer à un régime répressif.
André Bonet n’a pas manqué de rappeler qu’en 2022, Boualem Sansal avait reçu avec fierté le prix Méditerranéen à Perpignan. Ce prix, prestigieux et respecté, a également été décerné à d’autres personnalités littéraires comme Tahar Djaout et Kamel Daoud, offrant une plateforme de valorisation pour leurs réflexions et analyses sur des sujets souvent controversés. « C’est un honneur de recevoir ce prix très connu. Nous partageons beaucoup d’idées, d’analyses avec Kamel. Nous partageons donc aussi ce prix désormais », avait déclaré Sansal lors de la cérémonie.
Le 23 avril 2023, Boualem Sansal était présent à Perpignan pour participer à une table ronde intitulée « La Méditerranée en partage », en compagnie de l’ancien ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt. Ce moment de convivialité autour de la culture méditerranéenne semble désormais éloigné, tandis que l’auteur se retrouve emprisonné sans explication ni justification.
André Bonet a également exprimé son indignation face à un « déferlement de haine » ciblant récemment Sansal et ses sympathisants, notamment dans certains médias algériens. Selon lui, cette animosité croissante à l’égard de figures intellectuelles comme Kamel Daoud et Boualem Sansal n’est rien de moins qu’épouvantable. « Sansal est un lanceur d’alerte contre les faux prophètes », a-t-il ajouté, appelant les intellectuels et la communauté artistique à s’unir pour une mobilisation forte en faveur de sa libération.
Bonet espère qu’une telle mobilisation pourrait influencer le gouvernement algérien et contribuer à la libération de l’écrivain. La communauté de Perpignan, ainsi que de nombreux intellectuels à travers le monde, observe cette situation avec une vive inquiétude et espèrent que justice sera rendue rapidement à Boualem Sansal, dont la voix est essentielle pour la culture littéraire et la liberté d’expression.