Un arrêt aux hostilités annoncé par le Premier ministre israélien Benny Gantz et approuvé mardi soir par le cabinet de sécurité israélien, a été difficile pour les Libanais de se réjouir de cette trêve à laquelle le gouvernement israélien a consenti dans la soirée. Alors que le Premier ministre Benyamin Netanyahou justifiait ses actions, son armée continuait de bombarder différents endroits du Liban, y compris le cœur de Beyrouth. En attendant le cessez-le-feu qui entrera en vigueur mercredi à 04 heures du matin comme annoncé par Joe Biden, la capitale libanaise a été le théâtre de scènes de panique et d’un trafic monstre. Les avions et les drones israéliens étaient partout et les frappes, qui ciblaient particulièrement les civils, ont été qualifiées d’hystériques par le Premier ministre par intérim Nagib Mikati, qui tiendra un Conseil des ministres mercredi matin pour approuver l’accord.
Le soulagement prévaut malgré tout parmi une population épuisée par plus d’un an de guerre, et surtout plus de deux mois d’escalade israélienne d’une violence extrême : près d’un million et demi de personnes ont été déplacées de force, le bilan humain encore provisoire est de 3823 tués dont plus de 200 enfants et de 15.859 blessés. Les pertes économiques sont évaluées à plus du tiers du PIB. Mais personne n’ose exprimer la moindre satisfaction tant la période à venir semble être un champ de mines.
Défis politiques et tensions
Le texte négocié par le président du Parlement Nabih Berri comporte 13 points dont les détails ont été publiés dans les médias libanais. Il s’agit de clarifier la mise en œuvre de la résolution 1701 de l’ONU, adoptée au lendemain de la précédente guerre de 2006. Il prévoit dans un délai de 60 jours le retrait israélien du Liban où des combats avec le Hezbollah se poursuivaient encore en plusieurs points de la zone frontalière située au sud du fleuve Litani. Pendant cette période, les combattants du parti chiite armé par l’Iran devront se retirer au nord du Litani et céder la place à l’armée libanaise qui devra s’assurer du démantèlement de toutes les positions et infrastructures non autorisées.
De sources informées, l’armée libanaise a minutieusement préparé les détails de ce déploiement, cependant, chacun est conscient de la complexité du processus. Netanyahou a déclaré qu’Israël se réservait le droit d’attaquer « si le Hezbollah rompt l’accord ». Mais la formulation finale préserve la souveraineté du Liban en ne consacrant pas la liberté d’agir qu’il revendiquait lors des négociations. Le texte ne précise pas la composition du comité qui sera chargé de superviser la mise en œuvre de l’accord et se contente de dire qu’elle sera approuvée par les deux parties. Israël aurait contesté la présence de la France aux côtés des États-Unis et le Liban celle de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne. À l’horizon également la perspective d’un accord sur la frontière terrestre entre les deux pays qui ont déjà finalisé un accord de démarcation maritime sous l’égide des États-Unis.
Au-delà des difficultés et des dangers liés à la mise en œuvre de l’accord, les Libanais sont surtout conscients des défis politiques et des tensions qui s’annoncent dès lors que la nécessité de mettre en sourdine les divisions internes face à l’agression extérieure sera levée. « Il est temps d’engager une discussion sérieuse et calme sur la décision du Hezbollah de lancer sa guerre en soutien à Gaza et le lourd tribut payé par le peuple libanais », commente Randa Slim, du Middle East Institute. De son côté, le chef du groupe parlementaire du Hezbollah, Mohammad Raad, a réaffirmé que la « résistance » restait l’un des piliers de la défense de la souveraineté du Liban.