Les Dilemmes du Centre National de la Musique : Un Budget 2025 qui Cache des Difficultés
Le Centre National de la Musique (CNM) a adopté ce week-end un budget 2025 qui promet de mettre fin à l’incertitude financière, mais derrière cette façade de stabilité, les tensions sont palpables. Le conseil d’administration du CNM a approuvé un budget de 137,6 millions d’euros, mais les critiques se sont déjà élevées contre les choix de financement.
Le secteur musical est en plein virage de l’après-crise sanitaire, et le budget 2024 comportait encore 28 millions d’euros de crédits exceptionnels. Pour financer ses missions de développement de la filière musicale, le CNM a mis en avant un programme d’aides, qui représente la grande majorité du budget (117,8 millions d’euros). Cependant, les sources de financement publiques et privées du CNM sont complexes et soumettent les acteurs à des pressions différentes.
La taxe sur la billetterie, appliquée au spectacle vivant, est la source de financement la plus importante du CNM, avec environ 50 millions d’euros en 2023. Jusqu’à présent, 65% de cette taxe revenaient aux contributeurs, tandis que les 35% restants alimentaient un pot commun d’aides sélectives. Mais le CNM a décidé de réduire le droit de tirage à 60% à partir du 1er janvier, ce qui gonflera la part dédiée à ces aides.
Ce choix a suscité une vive réaction du spectacle vivant privé, qui considère être une nouvelle fois mis à contribution pour compenser des défaillances systémiques qui ne lui sont pas imputables. Les syndicats Ekhoscènes et La Scène indépendante, qui représentent les entrepreneurs et les professionnels du spectacle vivant, ont voté contre le budget 2025, estimant que le CNM utilise le spectacle vivant comme variable d’ajustement de son budget.
Les difficultés financières du CNM sont également liées à la taxe streaming, qui doit rapporter 9,3 millions d’euros en 2024, soit 38% de moins que prévu. Certaines plateformes ne s’y sont pas encore conformées, ce qui laisse planer une incertitude sur les recettes futures.
Malgré ces défis, le CNM affirme que la maison commune de la musique continue d’affirmer son engagement pour accompagner les entreprises de la musique et des variétés dans des contextes qui demeurent globalement fragiles et en pleine mutation. Cependant, certains acteurs s’interrogent sur la politique du CNM et les choix de financement, qui semblent mettre à contribution les acteurs de la filière musicale pour compenser des problèmes de gestion.
« La maison commune de la musique, c’est la maison hantée, faut pas y entrer », a récemment déclaré un cadre dirigeant d’un poids lourd de l’industrie musicale. Les difficultés du CNM ne s’arrêtent pas là, car le modèle économique en danger des festivals, à réinventer d’urgence, attend encore le Centre national de la musique l’an prochain.
Il est donc question de réflexion et de changement pour le CNM, qui doit trouver un équilibre entre les besoins de la filière musicale et les contraintes financières. Les acteurs de la musique et des variétés attendent avec impatience la suite des événements et les décisions à venir du CNM pour savoir si la maison commune de la musique pourra réellement assurer son financement durable.