Le scorbut, une maladie oubliée, fait son retour en France
Alors que la pandémie de Covid-19 a soufflée sur la scène mondiale, la France comptant 888 enfants hospitalisés pour scorbut, une maladie.toggle screamcefulmente attribuée aux marins d’autrefois qui plusieurs semaines en mer. Or, selon des chercheurs, l’incidence du scorbut est en hausse de 35% depuis mars 2020, marqué par les débuts de la pandémie de Covid-19, associée à une hausse des difficultés socio-économiques, ensuite de l’inflation. La malnutrition sévère est également en augmentation de 20% dans la même période post-Covid, estiment les chercheurs de l’hôpital Robert-Debré AP-HP, de l’Inserm, de l’université Paris Cité et du département de pédiatrie de l’hôpital de Cayenne en Guyane.
Le scorbut est l’expression extrême de la carence en vitamine C, également connue sous le nom d’acide ascorbique. Cette vitamine essentielle est nécessaire à l’assemblage des fibres de collagène, vitales pour l’intégrité de la peau, des vaisseaux sanguins et des os, ainsi qu’au rôle dans l’immunité et l’absorption du fer. Cependant, l’homme est incapable de produire ou de stocker cette vitamine C, il doit donc la trouver dans son alimentation, principalement les fruits et les légumes. Faute d’apport suffisant, apparaissent au bout de 3 mois des hémorragies, des troubles de la cicatrisation, mais aussi des défauts du système immunitaire et de l’absorption du fer. Si les apports en vitamine C recommandés sont de 100 mg par jour pour un adulte, le scorbut n’apparaît que lorsqu’ils sont très en dessous de ce seuil, autour de 10 mg par jour.
Ces chiffres s’expliquent partiellement par les difficultés socio-économiques plus importantes, estiment des chercheurs. La pandémie de Covid-19 a creusé les inégalités sociales, et les conflits socio-géopolitiques majeurs, tels que la guerre en Ukraine, qui les ont suivis, ont exacerbé ces inégalités. Dans ce contexte, la hausse du coût de la nourriture a pu limiter l’accès à des aliments frais et variés et conduire à une augmentation des taux de scorbut et de malnutrition.
Les chercheurs ont interrogé le Programme de médicalisation des systèmes d’information (PMSI), qui permet de mesurer l’activité des établissements hospitaliers de France. Ils y ont recherché les enfants de moins de 18 ans hospitalisés pour scorbut, ou pour malnutrition sévère (pas forcement associée à une carence en vitamine C). Ils ont utilisé comme "indicateur de faible statut socio-économique" l’éligibilité à la Couverture maladie universelle (CMU), basée notamment sur des seuils de revenus. Leurs recherches ont été menées sur deux périodes : de début 2015 à mars 2020, début de la pandémie de Covid-19 (soit 63 mois), puis d’avril 2020 à novembre 2023 (soit 44 mois).
Les résultats montrent que l’augmentation du nombre de cas de scorbut est plus prononcée chez les enfants âgés de 5 à 10 ans, avec une augmentation cumulée de 200,8%. La situation est différente pour la malnutrition : si les formes sévères ont augmenté de 20%, la malnutrition modérée a diminué de 11%. Les changements les plus importants ont été observés chez les adolescents âgés de 11 à 17 ans, qui ont connu une réduction de la malnutrition légère et modérée, mais une augmentation de la malnutrition sévère.
Les chercheurs notent également une augmentation «corrélée avec les variations de l’indice général des prix à la consommation» parmi les enfants hospitalisés pour scorbut ou malnutrition. Plus encore, l’incidence du scorbut, malnutrition sévère et carence en fer était «significativement et positivement corrélée avec les variations de l’indice général des prix à la consommation et de l’indice des prix à la consommation des produits alimentaires».
Malgré certaines faiblesses de l’étude que les auteurs reconnaissent, et notamment le fait que ces résultats doivent être confirmés dans d’autres pays européens qui font face aux mêmes difficultés socio-économiques que la France, les résultats soulignent la nécessité d’intensifier les programmes d’aide alimentaire et sociale, mais aussi d’une «meilleure formation clinique (…) pour assurer une détection précoce du scorbut et un dépistage proactif des populations à risque».