Le Japon des montagnes : une traversée vers le nord, dans les Alpes japonaises
Au cœur de l’été caniculaire, je me suis laissé entraîner par la fascination pour le Japon, terre de contraste où l’urbanité se côtoie avec la nature sauvage. J’ai décidé de quitter la route pour pénétrer dans le cœur des montagnes, au nord du pays, où les villages traditionnels sont comme des précieux joyaux oubliés. Ce périple a été un retour à la terre, une rencontre avec les habitants de ces villages qui cultivent la terre avec amour et dévotion.
Shirakawa-go, ce village de hobbits, où les maisons sont construites sans murs intérieurs, ont inspiré mon imagination. Les panneaux coulissants, les portes légères, créent un espace ouvert, comme si les habitants souhaitaient partager leur intimité avec les visiteurs. La nuit, le bruit de l’eau vive, les échos de la nature, m’ont permis de me sentir prisonnier de cet univers sylvain.
Les repas sont de véritables tableaux vivants. Au petit déjeuner, les coussins sont posés à même le sol, autour de la table basse, et nous dégustons des spécialités locales : riz en quantité, petits raviers, cerises au vinaigre, œufs dur à la coque… L’attention au détail, la soigneuse préparation des plats, nous ont rappelé les coutumes traditionnelles de nos propres campagnes.
Le village est animé par la présence de touristes espagnols et italiens, qui ont pris l’ascendant sur la région. Nous avons traversé les plantations, contemplant les hirondelles et les libellules, qui s’affrontent au-dessus des rizières. Le soleil tapait comme un sourd, et nous avons dû nous replier vers les chutes de Shiramizu pour nous y refroidir.
Après une nuit à Takayama, nous nous sommes laissés entraîner par l’odeur du soufre dans un Onsen en pleine nature, au milieu d’un peuple aquatique à la nudité assumée. Les eaux chaudes, les vapeurs sulfureuses, ont délassé nos muscles fatigués, et nous sommes sortis de cette immersion physique et culturelle pour nous ruer au « convenient store » le plus proche.
La ville d’étape de Takayama, sorte de Gap japonais, a suscité ma curiosité. Les échoppes diffusent des produits locaux de grande qualité, notamment des objets en cyprès poli, qui semblent faits de faïence. J’ai succombé à la tentation d’acheter quelques objets, malgré la somme élevée. Comment résister à ces objets de beauté ?
Dans les épiceries, la profusion de denrées inconnues en Europe m’a poussé à acheter des plats cuisinés, des sandwichs, des crackers aux goûts de nulle part ailleurs. Fumés, épicés, marinés, parfumés, pimentés, aux couleurs les plus improbables. Je me suis dit que ce périple était comme un voyage à travers un jardin d’Eden, où les sens sont stimulés par les parfums et les couleurs.
Ce qui m’a impressionné le plus, c’est la douceur de vivre qui règne dans ce village d’étape. Une certaine harmonie avec la nature, un rythme zen, une présence du passé, créent un espace où l’on peut se ressourcer. Le Japon, c’est cela : un mélange de contraste, de surprise, de beauté.