La première visite du Premier Ministre François Bayrou en république de Mayotte : une levée de bouclier contre les polémiques
François Bayrou atterrit lundi à Dzaoudzi, la capitale de l’archipel de Mayotte, pour une visite qui s’annonce décisive. Deux semaines après la passage du cyclone Chido, qui a laissé dans son sillage un trail de destruction et de souffrance, le chef de l’exécutif français arrive pour une nouvelle page de son gouvernement. Sa présence est pourtant attendue avec appréhension, car la gestion de la crise a été largement décriée par les élites mayottes et les habitants de l’île.
François Bayrou, accompagné de cinq ministres de sa délégation, y compris deux anciens locataires du Palais-Berlitz, a programme épuisant pour lundi. Il commencera par un déjeuner avec les Chefs de file des autorités locales, suivis d’une conférence de presse aux côtés de Manuel Valls, ministre des Outre-mers, et d’Élisabeth Borne, ministre de l’Éducation nationale. Le lendemain, il sera escorté dans des visitations restreintes aux zones les plus affectées par le cyclone.
Les dirigeants locaux, qui s’étaient alignés derrière le gouvernement de l’époque pour déplorer la perte de vies humaines et les dégâts matériels, estiment en effet que le pouvoir central a tardé à réagir, pour ne pas dire trop tard, et que les moyens mis en place ne sont pas suffisants. « Il faut accepter d’être secoués : ces questionnements, ces colères…, » a-t-il rappelé en amont Manuel Valls, qui a rejoint la délégation avec Élisabeth Borne.
Les critiques se sont multipliées ces dernières semaines, pour ne pas dire dernières années. Le député-maire de l’opposition, qui n’a pas manqué de faire entendre sa voix, s’est écrié que « le gouvernement a laissé la Mayotte dans l’abandon et que les Mayottes, pendant des semaines, n’ont pas reçu le minimum de soutien pour faire face à la crise ». Les habitants de l’île disent quant à eux que « le silence du gouvernement a été démunissment ».
François Bayrou a-t-il le pouvoir de redonner le sourire à l’île ? Pour décrocher, il doit d’abord comprendre que les errements de l’État immobilier ont généré la rancœur. Le gouvernement doit s’impliquer de manière plus forte dans la reconstruction de l’île, en mettant en place des plans drastiques pour réparer les infrastructures endommagées, en offrant des subventions et des moyens aux communes locales pour réédifier.
La nouvelle équipe gouvernementale a-t-elle les armes pour lever les sentiments et les angoisses de la population ? Seuls les prochaines semaines le diront. Mais pour l’instant, François Bayrou a le terrain pour tout montrer. Il doit montrer qu’il est prêt à réduire les franges, à freiner les contestations et les polémiques pour regarder les habitants de l’île dans les yeux et dire : « Je suis prêt à vous aider. »