REPORTAGE – Dans les camps de refugiés syriens, un cri d’alarme éclate quant aux foyers de tensions où les islamistes radicalisés s’imposent
Dans le nord-est syrien, les camps de refugiés, tel celui d’al-Hol, sont devenus des enclaves où les forces radicales imposent leur loi, signalent les autorités, au moment même où la Syrie est en pleine recomposition. Les forces de sécurité régionales, dont les Fournisseurs Démocratiques Syriens (FDS), sous commandement kurde dans cette région, administrent ces camps qui abritent environ 40 000 personnes, principalement des enfants et des femmes liées à l’État islamique (Daech).
Au camp d’al-Hol, le palindrome de la sécurité intérieure régionale, Assayech, qui nous escorte, nous conduit dans une section réservée aux Irakiens et aux Syriens. Dans cet environnement sombre et sinistre, les éphémères noirs marchent silencieusement dans l’allée boueuse, entourés d’enfants dont les voiles de niqab voltigent au gré de leurs pas. « Ces gens ont soutenu jusqu’au bout le califat », assure Jihan Hannan, coprésidente en charge de l’administration civile du camp. L’ambiance est lugubre, la menace omniprésente.
Celles et ceux qui ont fui la guerre et la répression pour se réfugier dans ces camps y ont-ils trouvé un refuge sûr ? Oui, mais également un terrain fertile pour la radicalisation. « Ici, vous ne pouvez faire confiance à personne », dit la traductrice pour nous. Et c’est vrai. Le camp est miné par les parasités idéologiques qui envahissent les entrepôts et les marchés, où l’on peut trouver des affiches insistantes sur l’importance de l’-idéologie de l’État islamique. Les protecteurs de Daech ne sont pas loin de répandre leur message toxique.
Les autorités syriennes et internationales s’inquiètent de ce regain de radicalisation. Selon nos sources, des éléments de l’armée syrienne libre et de l’opposition ont récemment regretté que plusieurs fugitifs syriens soient rentrés dans le pays, déplaçant ainsi les pièces de la machine de l’État islamique. Les craintes sont grandes quant à la renaissance du terrorisme dans la péninsule arabe.
« Nous avons constaté que les camps de refugiés sont devenus des foyers de tension, où les islamistes radicalisés imposent leur loi », souligne un responsable de l’opposition syrienne. Il y a lieu de craindre que le retour de ces éléments ne balancé la fragile équilibre que la Syrie a réussi à établir.
Les ONG qui assurent l’aide humanitaire dans les camps, comme l’Association de l’émigration syrienne, qualifient ces foyers de « petits états-étapes » pour la radicalisation. « Les individus qui sont entrés dans les camps sont souvent déjà marqués par l’idéologie de l’État islamique, ce qui rend plus difficile le travail de regain de leur personnes », ajoute une responsable de l’association.
L’Union européenne, les États-Unis et la France voient d’un mauvais œil ce regain de radicalisation. Ils y voient une menace non seulement pour la sécurité syrienne, mais également pour la sécurité internationale. Cependant, les solutions pour y remédier semblent éloignées. Les pays occidentaux sont hésitants à accepter les réfugiés syriens, et les pays arabes, comme l’Égypte et la Jordanie, pratiquement le font sous condition.
Les camps de refugiés syriens ont succédaient à devenir des foyers de tensions où les islamistes radicalisés s’imposent leur loi. Pour stabiliser la situation, il est essentiel de créer un environnement plus sûr et des moyens de s’extraire de l’orbite de Daech. C’est un défi colossal que les autorités syriennes et internationales doivent relever pour éviter que le terrorisme ne renaît en Syrie et ne menace la sécurité globale.