Le mystérieux hôtel particulier de la rue du Cardinal Mercier, au cœur de Paris, a longtemps été considéré comme un sanctuaire pour les amateurs d’art et d’histoire. C’est là que la célèbre chanteuse d’opérette Anna Judic a fait construire son hôtel particulier en 1883, où elle a vécu avec son amant, le journaliste Albert Millaud, et où elle a reçu ses invités dans un salon somptueux.
L’endroit est un véritable cabinet de curiosités, avec des références appuyées à l’art néogothique et des meubles et œuvres d’art exceptionnels. Les murs sont ornés de papier peint façon cuir de Cordoue, les plafonds sont élevés, et les vitrines sont ornées de magnifiques verres colorés. C’est un lieu où l’on peut se sentir comme dans un rêve, où l’histoire et l’art se mélangent pour créer un univers unique et enchanteur.
Cet hôtel particulier a connu de nombreuses transformations au fil des ans, passant de main en main entre des collectionneurs et des amateurs d’art. Klaus-Otto Preis, un styliste allemand, a acheté l’endroit dans les années 1970 et l’a restauré avec soin, exposant ses œuvres favorites et créant un musée virtuel. Il a également fait classer l’immeuble tout entier et l’appartement qu’il occupait au titre des Monuments historiques.
Aujourd’hui, l’hôtel particulier est proposé à la vente pour 5,2 millions d’euros, et il est difficile de ne pas être conquis par son charme unique. Les propriétaires actuels, un couple d’antiquaires, ont vécu dans cet appartement pendant vingt ans et ont apprécié sa magie. Ils ont même retrouvé la statue de bronze qui leur a réuni et qui les a liés d’amitié avec Klaus-Otto Preis.
Cependant, il est possible que le panel d’acheteurs soit plus restreint pour ce type de lieu extrêmement marqué esthétiquement et historiquement. Il est possible que les acheteurs potentiels soient attirés par les murs blancs très consensuels d’un appartement haussmannien plutôt que par l’originalité et la singularité de cet hôtel particulier.
«Ce n’est pas vraiment nécessaire d’être un amateur épris de l’art du 19e siècle pour apprécier ces lieux, estime la propriétaire. Ce qui est sûr, c’est qu’il faut se faire la vie qui va avec ce genre de lieu, il faut pouvoir se fondre dans ce décor.» C’est une chance pour les acheteurs qui sont prêts à se laisser porter par la magie de cet hôtel particulier et à se fondre dans son décor somptueux.
Geoffrey Benoît, en charge de la commercialisation de ce bien pour John Taylor, reconnaît que la vente peut prendre plus de temps en raison de la rareté de ce type de propriété. Cependant, il est convaincu que cela ne diminuera pas la valeur de cet hôtel particulier. «C’est ce qui fait la force de ce lieu, pour les gens qui y sont sensibles, il peut créer un coup de cœur d’autant plus puissant.»