Ishkashim, petite ville de répit dans un pays sous embargo
Ishkashim, située à environ 3000 mètres d’altitude dans le cœur du Pamir afghan, a une beauté sauvage qui en laisse pantoise. Mais pourtant, au-delà des cimes escarpées du massif qui font barrage, la vie ne s’est pas arrêtée. Bien que les fondamentalistes au pouvoir depuis trois ans aient semé la panique et l’insécurité à travers l’Afghanistan, les habitants d’Ishkashim ont été relativement épargnés.
Dans ce petit village perché sur une colline rongée par le vent, la vie quotidienne continue à prendre son cours naturel. Au bazar, les commerçants vendent leurs marchandises aux enchères, entre les pierres grises et les mûriers jaunis qui fournissent un habitat aux chameaux du Pamir oriental. Ces animaux, autrefois considérés comme un luxe, se font plus nombreux depuis la fin de la guerre, affirment les nomades qui les élèvent. Ils sont chassés pour leur viande et leur lait, et il est remarquable de constater que le commerce a repris dans ce coin reculé de l’Afghanistan.
Même les loisirs semblent être autorisés à exister dans ce petit monde montagnard. Sur un autre relief grisé, une partie de volley-ball battait son plein, projetant une ombre amicale sur la colline. Cela évoquait une carte postale de la vie ordinaire, si l’on faisait abstraction de la guerre et de l’instabilité qui règnent sur tout le pays. Mais peut-on vraiment se lasser de parler de la paix, quand les tensions géopolitiques et la dépendance à l’aide internationale semblaient continuer à causer de grands problèmes aux habitants d’Ishkashim?
Les autorités islamiques, qui gouvernent le pays depuis 2015, ont réussi à maintenir une relative paix sociale dans ce village, qui a toujours été attaché à la culture locale et aux traditions islamiques. Les habitants d’Ishkashim ont adopté une stratégie pour faire face à l’islamisation de l’Afghanistan : ils ont opté pour une relative tolérance et une flexibilité religieuse.
Mais ce refus de résistance passive aux autorités n’est pas nouveau. Depuis des décennies, Ishkashim a toujours été un endroit où la foi islamique est vénérée de manière détachée. Les habitants sont attachés à leurs traditions, mais ils sont également ouverts à l’étranger. Cela se reflète dans leur cuisine, qui est à la fois simple et raffinée, avec des mets comme les pita avec des fromages et des oignons.
Cependant, malgré cette relative quiétude, les habitants d’Ishkashim ne sont pas complètement à l’abri de la guerre et de la violence. La présence de groupes islamistes radicalisés et de milices armées, qui continuent à terroriser les villages isolés, les rend encore vulnérables. Les relations avec la capitale, Kaboul, restent fragiles, et l’aide internationale, souvent conditionnée à des programmes de développement et de reconstruction, est rare et inégallement distribuée.
Aujourd’hui, Ishkashim représente un symbole de résilience face à la difficile situation géopolitique qui règne sur l’Afghanistan. Les habitants de cette petite ville ont choisi de maintenir une vie normale, en dépit des tensions et des inquiétudes qui les entourent. Mais leur histoire est fragile et peut changer en un instant si les tensions politiques et religieuses dans le pays continuèrent à s’envenimer.