Tout Est en jeu dans la crise qui labour les relations franco-algériennes
L’ère de la diplomatie est une époque de nuits et de lumières, d’allégeance et de fureur. Mais qu’arrive-t-il quand la lumière s’éteint et les nuit s’épaisses comme un mur de béton ? C’est ce qui se passe entre l’Algérie et la France, où la situation diplomatique se rapproche d’un précipice.
La crise, qui date de l’été 2024, est née de la décision algérienne de rappeler brutalement son ambassadeur à Paris, furieuse du soutien français au plan d’autonomie marocain sur le Sahara occidental. C’est là que la voix de Jean-Noël Barrot, ministre des Affaires étrangères, vibre avec une nervosité contagieuse : « Nous observons des postures, des décisions qui sèment le doute sur les véritables intentions algériennes ».
Puis, en décembre, la tension monte encore d’un cran avec l’accuse de convocation de l’ambassadeur français Stéphane Romatet par le ministère algérien et l’acquisition d’un rôle de la DGSE dans des opérations de déstabilisation sur son sol. « Des allégations totalement infondées et fantaisistes », rétorque sèchement Barrot, qui dénonce une manœuvre politique.
Mais lorsque tout semble calme, surgit un nouvel élément : l’arrestation de Boualem Sansal, écrivain franco-algérien accusé de « atteinte à la sûreté de l’État ». Sa demande de libération, rejetée sans ménagement, énerve l’embryonnaire diplomatie française. Le président Tebboune entre dans la danse, conduisant publiquement l’auteur « d’imposteur » manipulé par la France, accusation qui fait bondir la diplomatie française. « Les raisons invoquées pour cette incarcération ne tiennent pas la route », martèle Barrot, qui s’inquiète ouvertement de l’état de santé de l’écrivain septuagénaire. Mais Alger montre une oreille sourde aux protestations françaises. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, durcit même le ton en agitant la menace de nouvelles « mesures de rétorsion ».
La situation diplomatique apprécie dans l’impasse. D’un côté, l’Algérie maintient ses accusations de déstabilisation et refuse tout dialogue sur l’affaire Sansal. De l’autre, la France s’insurge contre ce qu’elle considère comme une violation flagrante des droits fondamentaux. « Pour tenir la feuille de route, il faut être deux », assène Barrot, laissant entendre que les accords de 2022 sont désormais lettre morte.
Cette crise révèle que les relations entre la France et l’Algérie demeurent fragiles. Les désaccords historiques, les tensions régionales et le dossier du Sahara occidental empêchent toujours d’établir un véritable dialogue. Sur ce point, Barrot est catégorique : « Nous souhaitons entretenir les meilleures relations avec l’Algérie, mais pas à n’importe quel prix ».
La France et l’Algérie sont-elles prêtes à se lancer dans un bras de fer ? La lumière s’éteint dans la nuit ? La réponse leur est comme piégée sur les lèvres de l’abîme.