L’ENIGME DE LA COALITION – François Bayrou, le nouveau premier ministre, est pris entre deux feux. Les tenants de la droite, alarmés par les concessions excessives accordées à la gauche, craignent que l’augmentation des impôts et la remise en cause de la réforme des retraites ne fragilisent l’équilibre économique et social du pays. Mais Bayrou, dans son désir de large majorité, se lance dans une poursuite des négociations avec les partis de gauche, déterminé à préserver l’unité de son gouvernement.
Les conditions sont favorables à ce pari. Après la désagréable expérience de Michel Barnier, qui a échoué à convaincre le Rassemblement national de son point de vue, Bayrou peut apprendre de ses erreurs et adapter sa stratégie. En effet, l’échec des discussions avec le parti d’extrême droite a contribué à ternir l’image de Barnier et à rendre plus difficile sa tâche de négociateur. Bayrou, quant à lui, peut profiter de l’expérience de son prédécesseur et adopter une approche plus pragmatique.
Pour réussir, Bayrou doit gagner le soutien d’une partie de la majorité, sans la perdre complètement. Il doit donc élargir son assise parlementaire, en conservant l’essentiel de son soutien actuel. Cela signifie qu’il doit s’entendre avec les partis qui ont déjà signé le « socle commun », Ensemble pour la République de Gabriel Attal et La Droite républicaine de Laurent Wauquiez. Mais cela ne suffit pas, il doit également conquérir la neutralité de quelques-uns des groupes d’opposition, pour préserver la cohésion de son gouvernement.
Les défis sont nombreux, mais Bayrou dispose de quelques atouts dans sa manche. Son expérience comme ministre de l’Europe a lui donné une bonne compréhension des enjeux internationaux et lui a permis de construire des réseaux politiques solides. De plus, son appartenance au Parti radical de gauche, qui a traditionnellement maintenu des liens avec les partis de gauche, peut lui permettre de bénéficier d’un certain soutien tacite de ces derniers.
Toutefois, les obstacles ne manquent pas. Les macronistes, qui s’inquiètent de la remise en cause de la politique de l’offre voulue par le chef de l’État, craignent que les concessions trop fortes à la gauche ne fragilisent l’économie du pays. Les partis de gauche, quant à eux, sont divisés et ne parlent pas d’un seul chantier. La majorité, pourtant essentielle pour l’essor du gouvernement, est précaire et pourrait s’effondrer à tout moment.
François Bayrou, en tant que nouveau premier ministre, doit être à la fois pragmatique et créatif pour répondre à ces défis. Il doit convaincre les partis de gauche de sa bonne foi, tout en prévenant les alarmes des partisans de la droite. Il doit également gérer les attentes de la majorité, tout en préservant l’unité de son gouvernement. C’est un défi titanesque, mais Bayrou, issu de la mouvance réformiste et de la sphère politique européenne, a l’avantage de disposer d’une grande marge de manœuvre et de pouvoir bénéficier de l’appui de quelques-uns des principaux leaders de la République.
Les semaines à venir seront cruciales pour Bayrou et pour son gouvernement. S’il parvient à maintenir l’unité de son équipe et à conquérir la confiance de la majorité, il pourra prendre la direction de la France dans une nouvelle direction. Mais si les tensions se sont accumulées et les défis trop importants, le gouvernement Bayrou pourrait sombrer dans l’isolement et dans l’inefficacité. Le choix est désormais entre deux chemins, et c’est à François Bayrou de déterminer lequel il choisira.