Renault au bord du précipice en Algérie
Depuis plus de deux décennies, Renault a réussi à établir une présence importante en Algérie, un marché qui lui permettait de produire des véhicules pour le compte de la communauté française et des autres nations africaines. Cependant, la situation a dramatiquement évolué depuis 2020, lorsque l’usine d’Oran, inaugurée en 2014 avec un investissement de 50 millions d’euros, a été fermée à la suite d’une chute spectaculaire de sa production.
En 2019, l’usine produisait encore 60 000 unités, mais depuis la fermeture de 2020, la production a chuté à un niveau ridiculement bas de 2 400 véhicules en 2023. Cette paralysie résulte principalement des nouvelles exigences du gouvernement algérien, qui impose que 30 % des pièces utilisées dans la fabrication des véhicules soient produites localement. Cette contrainte a mis un frein à l’approvisionnement en kits nécessaires à la production, forçant Renault à suspendre ses activités.
Face à ces difficultés, le constructeur a mis en place du chômage technique pour ses employés, mais aucune solution durable n’a émergé des négociations avec les autorités algériennes. L’incapacité de Renault à s’adapter à ces exigences locales pourrait marquer la fin de son activité en Algérie.
Tensions diplomatiques : un facteur aggravant
Les tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie ont considérablement compliqué la situation. La crise entre les deux pays s’est intensifiée depuis le début de l’année, notamment après la décision du président français Emmanuel Macron de reconnaître la marocanité du Sahara occidental et l’incarcération de Boualem Sansal en Algérie. Le cas d’un influenceur algérien expulsé de France début janvier a encore exacerbé les relations entre les deux nations, créant un climat particulièrement tendu.
Ces tensions ont des répercussions sur Renault, car la politique économique et diplomatique de la France influence directement son activité en Algérie. Le constructeur, déjà en difficulté, se trouve pris entre deux feux : d’une part, les exigences du gouvernement algérien en matière de production locale, et d’autre part, un environnement politique qui rend les négociations de plus en plus complexes.
Un avenir incertain pour Renault en Algérie
Renault avait investi entre 15 et 20 millions d’euros pour se conformer au nouveau cahier des charges algérien, espérant pouvoir reprendre la production en 2023. Cependant, avec l’absence d’agréments pour rouvrir l’usine et la prolongation des tensions diplomatiques, le constructeur français se trouve dans une impasse. Selon plusieurs sources locales, la fermeture définitive de l’usine pourrait être actée d’ici 2025, marquant ainsi la fin d’une collaboration de plus de 20 ans avec l’Algérie.
Le groupe Stellantis, concurrent direct de Renault, a déjà su s’adapter à la situation en lançant son usine à Tafraoui en 2023, avec des modèles produits localement comme la Fiat 500 et le Doblò. Renault, de son côté, semble peiner à ajuster son modèle de production aux nouvelles exigences du marché algérien, ce qui pourrait accentuer son retrait du pays.
Une industrie automobile en mutation
L’Algérie tente de réindustrialiser son secteur automobile et de limiter sa dépendance aux importations. Cependant, les règles du jeu sont instables, et l’environnement économique reste difficile pour les constructeurs étrangers. Si Stellantis semble s’en sortir en s’adaptant aux exigences locales, Renault peine à trouver un compromis avec les autorités algériennes.
Pour l’Algérie, la question est désormais de savoir si elle pourra attirer d’autres investisseurs étrangers dans un marché où les conditions restent complexes. Le retrait définitif de Renault d’Algérie semblait de plus en plus probable à mesure que les tensions diplomatiques et les difficultés économiques persistent. Ce départ marquerait un échec pour le constructeur français, qui voyait en l’Algérie un marché clé pour son développement en Afrique.
Il reste à savoir si Renault parviendra à surmonter ces obstacles ou si l’entreprise choisira de concentrer ses efforts sur d’autres marchés plus favorables.