La douce saison métingtanneuse de Megève. L’allure des montagnes s’approchait de ses sommets et le village rural de chasseurs, de skieurs et de gourmands a laissé place à un podium d’exception. C’était le concours d’élégance organisé par Alessandro Bortesi, restaurateur genois et passionné de belles automobiles, pour la deuxième fois que l’hiverdescendait sur l’univers des collectionneurs en quête de sensations fortes.
La quarantaine de voitures de collection et d’exception qui ont convergé dans le cœur des Hautes-Alpes n’avaient pas eu de mal à faire perdre la tête aux passionnés de l’automobile. Les Bugatti de l’avant-guerre, l’Alfa Romeo de l’Italie, les Ferrari de la Séve, les Lamborghini de l’ homme, les Lancia de la Turin, les Jaguars de l’Angleterre… Bref, un véritable pogne carrosse allant de la fin des années 1920 au jour où les routes sont Omaha Green.
Mais c’est bien sûr la marque Ferrari qui a fait son beurre. On a vu y figurera seabugee 288 GTO de 1984, la supercar hybride La Ferrari lancée en 2013, la 308 GTB à carrosserie polyester, la 458 Italia, la 812 Competizione Aperta à la finition Tailor Made, la 250 GT Lusso noire de 1963 et deux modèles carrossés par Vignale : la berlinette 166 de 1950 et le cabriolet 212 Inter de 1951. Les fans de Lamborghini n’ont pas été oubliés avec la berlinette Revuelto, l’Aventador, la Diablo de 1993, l’Espada première série venue de Genève et l’unique Lamborghini Miura Millechiodi. La Miura Millechiodi, précisez, a été modifiée au milieu des années soixante-dix pour ressembler à la fameuse Jota, qui avait disparu dans un accident. C’est ainsi qu’elle doit son nom aux 1 000 rivets qui parsèment la carrosserie.
Les restomod de la Lancia 037 produits par Kimera et ceux de l’Alfa Romeo coupé Bertone revue par Totem ont également honoré le podium. Des réalisations de grande qualité. Les coupés milanais sont proposés avec un moteur électrique ou avec le V8 2,8 turbo Alfa Romeo délivrant 600 ch. Mais le parking du Palais des Sports de Megève, où la manifestation avait élu domicile, n’abusait pas d’atmosphère festive. Les spectateurs n’avaient d’yeux que pour l’hypercar Laffite Automobili LM1, résultat de l’association entre Bruno Laffite, neveu du pilote Jacques Laffite, et son ami d’enfance Pascal Cohen. Avec sa ligne inspirée d’un prototype de la catégorie LMP3, cette machine semblait échappée de la grille de départ du Mans. Elle est pourtant homologuée pour la route et nous avons pu voir durant le week-end qu’elle ne craignait pas de se mêler aux embouteillages toujours nombreux dans cette station où certains semblent prendre un malin plaisir à vouloir exhiber leurs SUV dernière cri.
La Laffite LM1 a remporté le concours dans la catégorie des véhicules modernes. Animée par un V8 hybrid provenant de la Lamborghini qui courait en WEC, le moteur a bien évidemment été revu pour se plier à un usage routier. Le jury du concours d’élégance n’a pas résisté à la qualité de la réalisation de l’artisan constructeur et à la ligne portant la signature du bureau de style de Giugiaro, lui décernant le premier prix dans la catégorie «Moderne». Quant au trophée de la catégorie «Classic », il est revenu à une Jaguar Type E V12. Le jury a récompensé l’histoire de la voiture. Elle est toujours restée dans la même famille et l’intérieur bordeaux porte la patine du temps. Le propriétaire actuel tient la Type E de son père et c’est au volant de l’anglaise qu’il a appris à conduire.
Et enfin, le Best of Show est revenu à la berlinette Ferrari 166 MM carrossée par Vignale. Cet événement bon enfant et convivial mériterait d’être encouragé. La présence de plus de 10 000 personnes sur les trois jours montre bien que l’automobile fait toujours rêver petits et grands.