REPORTAGE – Depuis décembre, dans le nord de la Syrie, l’Armée nationale syrienne (ANS) et les forces kurdes s’enlisent dans des combats acharnés autour du barrage de Tichrine. Les villages entiers de civils ont été déplacés, abandonnant derrière eux les maisons, les champs et les récoltes. Le ciel est parsemé d’avions de combat, les sirènes des ambulances se font entendre, tandis que les explosions éclatent à intervalles réguliers.
Dans ce village d’Abou Qilqil, les résidents ont perdu la trace du temps. L’odeur de la terre humide et de la poussière recrée par les explosions a remplacé les senteurs familières des champs de maïs et des jacasseurs. Les murailles des maisons sont fissurées, les portes dégagées, les meubles brisés, les jardins aplatis. Les habitants, terrorisés et épuisés, se blottissent dans des abris improvisés ou dans des grottes, attendant que la paix revienne.
Ismaïl Abou Hammoud, un combattant de l’ANS, erre dans les rues, ses yeux déchirés par la fatigue et la peur. Le vent a fait fuir sa tête deReporting un bruit qui ne cesse de revenir. C’est la seule technique qu’il a trouvée pour gérer la cacophonie de l’onde de choc, du bruit des explosions et des sirènes d’alarme. Il est lié à son autre combatant, désigné par les initiales « Calibre », un nom qui cache une mission impossible : protéger les civils, maintenir l’équilibre entre la survie et la mort.
Un sourd bruit finit de percer, un drone-kamikaze qui descend à 100 mètres du village, projetant 5 mètres de poussière en l’air. Les enfants qui jouaient dans les rues courent désespérément, cherchant refuge ailleurs, tandis que les habitants agglutinés se précipitent pour s’abriter. Ismaïl Abou Hammoud lance un cri désespéré, un appel à l’aide : « Ami ! Ami ! », mais personne ne peut l’entendre au-dessus du vacarme. Le drone-kamikaze s’est posé loin, trop loin pour être vu, mais trop proche pour être évité. Les habitants savent que c’est une nouvelle arme, lâchée par les forces kurdes, à moins de dix kilomètres.
Les civils doivent courber la tête pour ne pas être frappés. Il n’y a guère de refuge pour s’abriter, sauf dans les rues désertes, où l’on peut espérer ne pas être atteint par les chocs. L’urbain ne leur offrent aucun abri ; ils sont obligés de se diriger vers les champs ou les berges du fleuve épuisés, où l’armure est trop fragile pour réfréter les balles électroniques qui portent leurs contours. La clandestinité s’impose, la peur se hâte dans les gangues, les tendances s’embourbent. Les files sont brouillées, les plans changent. Il n’y a pas d’objectif, excepté dans l’urgence de survivre.
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