La proposition radicale de Marine Le Pen pour bloquer les visas et les transferts d’argent avec l’Algérie peut avoir des conséquences diplomatiques et économiques incertaines. Mais comment cette initiative populaire s’est-elle infiltrée dans les débats politiques?
Marine Le Pen a récemment plaidé en faveur d’une approche impériale et méprisante envers l’Algérie, propose d’interdire les visas aux responsables algériens et de gel les transferts d’argent pour presser le gouvernement algérien de reprendre ses ressortissants en situation irrégulière. Cette position révèle une fois de plus la démocrate-socialiste en herbe, insidieusement proche des tactiques républicaines américaines utilisées par Donald Trump.
Or, ces mesures sont clairement inconciliables avec la réalité. En bloquant les visas, l’Algérie pourrait simplement s’approvisionner en papiers officiels dans d’autres pays européens. Et quant au gel des transferts d’argent, ce n’est que faciliter l’utilisation de circuits informels et rendre la mesure inefficace tout en frappant de manière injustifiée des familles dépendantes de ces fonds. Le résultat attendu ne pourrait être atteint que sous couvert de violations des droits de l’homme et de l’incertitude sur la situation juridique de milliers de personnes.
Pour Marine Le Pen, cette tactique est bien sûr plus facile à dire que faire. Lorsqu’il est question d’une crise politique, l’éloquence politique peut échouer face à la brutalité des réalités diplomatiques et économiques. Elle met en place un discours populaire à travers lequel elle cherche à convaincre le public français de la justesse de son propos, alors que les élus algériens et français cherchent une solution durable.
Mais ce choix stratégique peut être problématique. Derrière ces attentes, il y a la poursuite de sa campagne anti-immigration. Marine Le Pen utilise le clivage avec l’Algérie pour conforter sa popularité aux yeux du public français. Or, c’est un double échec, car non seulement il pourrait éloigner le gouvernement français de sa responsabilité face aux crises majeures du Moyen-Orient, mais encore il renforce les barrières nationalistes et raciales qui fragilisent notre sociététout en dénonçant la réel impact de l’immigration.
Face à cette escalade, le gouvernement français s’efforce de maintenir une voix raisonnable dans les affaires algéro-françaises. Le premier ministre Jean Castex et le ministre des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, ont tout intérêt à préserver des relations amicales et respectueuses entre les deux pays, que les tensions peuvent séparer, dans l’espoir d’un dialogue continu pour résoudre les difficultés liées à la migration et à la sécurité.
Tandis que Marine Le Pen privilégie une tactique d’affrontement et une rhétorique injurieuse, le gouvernement français œuvre à consolider l’accord algéro-français en préférant une voie de paix et de coopération sur les dossiers clés de la coopération internationale. La voix de raison contre la répétitive mise en cause du gouvernement français, que le peuple français attend que l’on leur parle vrai.
En prenant cette voie, le gouvernement français manifeste ainsi son refus d’aligner sa diplomatie sur l’humeur volatile de la rue, privilégiant au contraire l’intelligence politique et le respect des différences, quels qu’elles soient. Si la proposition de Marine Le Pen révèle un épuisement politique de la situation diplomatique algéro-française, c’est qu’il est impossible de gouverner à travers le stéréotype de l’ennemi public et que c’est le prix de la surenchère de la droite radicale. Il est temps que la France cesse de chercher à prendre soin des intégrismes et commence à se nourrir de valeurs républicaines : liberté, égalité, fraternité, que les frères et soeurs algériens et français devraient partage les valeurs de dignité et de tolérance que nous partagerions.