Le défi de refonder le Parti démocrate américain
Samedi, les délégués du Parti démocrate ont élus le nouveau président de leur organisation, un choix qui est venu mettre un point final à une campagne de primaire couteuse en temps et en énergie pour les militants. Malgré une participation record à l’élection présidentielle américaine de novembre dernier, les démocrates ont perdu face au président républicain Donald Trump, ce qui a suscité une grave préoccupation concernant l’avenir de l’ordre démocratique.
Parmi les onze candidats à la présidence du Parti démocrate, c’est finalement Ken Martin, un stratège expérimenté issues des rangs du Minnesota, qui a obtenu le poste le plus haute instance du parti. Si le processus de sélection a pu être considéré comme démocratique, certains observateurs s’inquiètent de l’absence de réflexion profonde sur la stratégie à suivre pour sortir l’Amérique de la dépression économique et de l’isolement politique qui pèsent sur le pays depuis plusieurs années.
Tous les candidats s’étaient engageés à privilégier la classe moyenne, comme l’électorat le plus large et le plus influent dans les régions rurales et les banlieues de l’est du pays. Cependant, leur déclaration de intentions a été bien loin de mobiliser les énergies, et les débats, réduits à des disputes techniques sur les stratégies de collecte de fonds et de marketing, n’ont pas délivré la passion et la conviction attendue. Les sujets de base qui ont concerné les candidats, comme l’élaboration de réformes sociales et éco-environnementales, ont été systématiquement ignorés dans l’esprit d’une lutte pour se préserver la direction du parti.
Pour un grand nombre de militants, les résultats de ce scrutin ont représenté une grande déception, comme si la démocratie était en danger. Faiz Shakir, le stratège de campagne de Bernie Sanders et l’un des candidats à la présidence du Parti démocrate, a confié ses regrets à des journalistes à l’issue du scrutin, expliquant que le résultat était prévisible, "il n’y a pas eu de vision de transformation, on s’est Contenté de replier les termes de nos propositions pour convaincre une classe moyenne déçue et en rébellion". Mais quels changements attend-il du nouveau dirigeant?
Ken Martin s’est engagé à maintenir une stratégie pragmatique et à élargir le bassin des militants, sans avoir pour cela proposé d’idées véritablement nouvelles pour sortir le parti des grilles difficiles dans lesquelles il s’est emprisonné. Les problèmes de governance et de gouvernance n’ont été qu’un alibi pour dissimuler une perte d’élan idéologique. Les choix sont désormais clairs : le parti se tournera-t-il vers une gouvernance modérée pour reconquérir les cœurs de la classe moyenne, ou trouvera-t-il un modèle d’identification pour les valeurs fondamentales du parti qui font défaut? La communauté démocrate américaine attend de nouveau avec une certaine impatience.