La tapisserie de Bayeux, cette merveille médiévale, connaît une période de métamorphose. Le chantier est inauguré et un nouveau musée est sur le point de prendre forme, après l’annonce de la participation de l’État français à la restauration et la rénovation de ce joyau textile. Il s’agit d’un chantier à très grande échelle, pour un montant total de 38 millions d’euros.
La tapisserie de 70 mètres de long, qui retraçait la conquête de l’Angleterre par Guillaume le Conquérant, nécessite désormais un renouvellement de son lieu de conservation et de sa façon de présentation. Les expertises récentes ont souligné la nécessité d’une mise à jour radicale, du fait que l’orientation verticale actuelle de l’œuvre impose des tensions importantes sur son textile de 1 000 ans. « Il est évident qu’il faut redessiner l’espace d’exposition de la tapisserie pour assurer sa préservation », selon Antoine Verney, conservateur de la pièce.
Grâce à ce projet, qui bénéficie d’une dotation d’État équivalant à 5,7 millions d’euros, les spécialistes pourront enfin déployer tous les moyens nécessaires à la sauvegarde de cette richesse culturelle. La région Normandie, le département du Calvados et la ville de Bayeux pourront également soutenir cette entreprise pour un montant global de 22,5 millions d’euros.
Depuis 1983, la tapisserie a été présentée debout dans un long couloir de l’ancien séminaire de Bayeux, mais désormais, c’est la nécessaire construction d’un nouveau local de conservation de 70 mètres de long pour permettre une présentation ajustée aux nécessités de préservation. Une fois ce nouveau musée construit, le public pourra enfin admire la tapisserie de près, sans l’exposer aux risques que représentent la lumière intense et l’air ambiant.
En conséquence de la manipulation dont elle fait l’objet chaque jour, il est indispensable de maintenir une température de dix-neuf degrés, un taux d’hygrométrie de 50 %, et 50 lux maximum de lumière, ce qui justifie la quasi-obscurité dans laquelle elle est actuellement présente. Ainsi, une fois la transformation achevée, la tapisserie sera enfin apte à vivre au plein jour, bénéficiant d’une ventilation optimale pour préserver la fragilité de ses matériaux textiles.
Lancé en 2027, ce projet éditorial dévoilera un nouveau centre culturel dans le cœur de la cathédrale, avec un plancher d’honneur conçu spécialement pour préserver les fresques de Broderies sur les murs. En mars 2024, le déménagement temporaire du musée au centre historique de la cathédrale élargira d’ores et déjà la scène, bien que l’on ne connaisse pas encore les modalités de la visite. L’historien Bernard de Marley, membre du Comité consultatif d’histoire contemporaine, prévient quant à lui de la nécessité de promouvoir les principaux attraits de Bayeux et sa tapisserie, afin que les visiteurs puissent bien comprendre les enjeux de la construction de ce chantier monumental.