La justice française remet en cause la politique d’expulsion du gouvernement en faveur de Doualemn, un influenceur algérien controversé. Dans une nouvelle décision judiciaire, le tribunal administratif de Melun a annulé l’arrêté d’expulsion et octroyé une autorisation de séjour provisoire à Doualemn, avec une indemnité de 1200 euros pour sa détention jugée illégale. Cette décision met en évidence les tensions persistantes entre la France et l’Algérie, tout en exacerbant les débats sur les droits des étrangers et la politique d’expulsion du gouvernement français.
Doualemn, dont le nom est Boualem Naman, est un influenceur algérien résidant en France depuis 15 ans. En janvier, il a publié une vidéo sur TikTok dans laquelle il appelait à infliger des souffrances à un opposant au régime d’Alger, un discours jugé incitant à la violence. Cette vidéo a déclenché une réaction immédiate des autorités françaises, qui ont ordonné son expulsion. Cependant, la justice française a décidé de suspendre l’expulsion et de lancer une procédure d’expulsion classique, plus longue.
La première décision du tribunal administratif de Paris, en date du 29 janvier, avait suspendu l’expulsion, estima que les motifs avancés par le ministère de l’Intérieur ne étaient pas suffisamment fondés, notamment que Doualemn vivait en France avec sa compagne et ses enfants. Le tribunal n’avait pas toutefois rejeté l’idée d’une expulsion dans le cadre d’une procédure classique, plus longue.
Cependant, la deuxième décision, en date du 6 février, a annulé l’arrêté d’expulsion et a obligé la préfecture à réexaminer la situation de Doualemn dans un délai de trois mois. De plus, l’influenceur a obtenu une autorisation de séjour provisoire pendant cette période. La justice s’exprime ainsi contre l’action du ministère de l’Intérieur, une victoire pour Doualemn qui, en parallèle, recevra une indemnité de 1200 euros pour sa détention jugée illégale.
Les avocates de Doualemn, Me Marie David-Bellouard et Me Julie Gonidec, se sont réjouies de cette décision, dénonçant un « acharnement aveugle » de la part du gouvernement français. Elles ont souligné que leur client avait été victime d’une rétention illégale depuis le 29 janvier et ont salué cette « décision logique » qui met fin à cette situation.
Cependant, le ministère de l’Intérieur français ne lâche pas prise et prévoit de contester cette décision en appel. Le recours ne sera pas suspensif, mais la procédure d’expulsion pourrait se prolonger avec une réunion de la Commission départementale d’expulsion des étrangers (COMEX) prévue le 19 février.
L’affaire Doualemn intervient dans un contexte de relations tendues entre Paris et Alger, avec plusieurs influenceurs algériens devenant la cible des autorités françaises. Cette affaire soulève des questions sur les limites de la liberté d’expression en ligne, la politique d’expulsion et la gestion des tensions diplomatiques à travers des actions judiciaires. La justice française a ainsi choisi de défendre la liberté d’expression de Doualemn, mais les conséquences de cette décision restent à voir.