Bruno Retailleau dénonce les limites du droit face à la souveraineté de l’État
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche (JDD) ce samedi, Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, a vivement critiqué la manière dont le droit est appliqué en France, estimant qu’il « met en échec la volonté de l’État ». Cette déclaration intervient dans un contexte particulièrement sensible, marqué par l’annulation par la justice de l’Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF) à l’encontre de l’influenceur algérien Doualemn. Un dossier qui a suscité une vive polémique et mis en lumière les tensions entre le pouvoir exécutif et le système judiciaire.
François Bayrou, dans une récente interview au Parisien, a d’ailleurs apporté son soutien à Retailleau, jugeant qu’il avait « raison » de pointer du doigt un « problème » dans cette affaire. Pour le ministre de l’Intérieur, cette décision judiciaire illustre une incapacité du droit à protéger les citoyens et à faire respecter l’ordre républicain. « Le droit, tel qu’il est appliqué, entrave la capacité de l’État à agir », a-t-il insisté, déplorant que les institutions ne parviennent pas à répondre aux attentes des Français en matière de sécurité et de souveraineté.
Immigration : un débat incontournable
Le sujet de l’immigration, souvent qualifié de « phénomène qui a le plus bouleversé la société française depuis un demi-siècle », occupe une place centrale dans l’interview. Bruno Retailleau revient sur la nécessité de consulter les Français via un référendum afin de redéfinir les politiques migratoires. Selon lui, seule une telle consultation populaire permettrait de dépasser les contraintes imposées par certaines jurisprudences et de rétablir une certaine forme de contrôle national sur ces questions.
Le ministre reconnaît toutefois que la réalisation d’un tel projet reste complexe dans le contexte actuel, marqué par l’absence de majorité parlementaire claire. Il admet que cette proposition pourrait ne devenir réalité qu’à l’horizon de la présidentielle de 2027. Interrogé sur ses ambitions personnelles, Retailleau reste évasif. « Contrairement à d’autres, je ne rêvais pas d’être président de la République quand j’avais cinq ans », répond-il avec une pointe d’humour, préférant se concentrer sur le présent et les défis à relever. « Ne perdons pas de temps. Gagnons d’abord la bataille de l’opinion. »
Des chiffres pour asseoir sa position
Pour justifier son action à la tête du ministère de l’Intérieur, Bruno Retailleau met en avant des données chiffrées. En 2024, les services de l’État ont délivré 336 700 premiers titres de séjour, soit une augmentation de 1,8 % par rapport à l’année précédente. Un record, qui témoigne de l’ampleur du phénomène migratoire. Toutefois, le ministre souligne que depuis sa nomination à la place Beauvau en septembre dernier, le nombre de titres de séjour délivrés en primo-délivrance a été divisé par deux chaque mois par rapport à la moyenne des neuf premiers mois de l’année.
Concernant les éloignements du territoire, le ministre affiche également des résultats encourageants : ceux-ci ont augmenté de 26,7 % en 2024, avec une « accélération nette » depuis son arrivée. Des chiffres qu’il brandit comme preuves de l’efficacité de sa politique et de la détermination du gouvernement à agir en la matière. « La volonté politique peut ouvrir un passage, même étroit », affirme-t-il, optimiste.
Un entretien aux thèmes variés
Si l’immigration est au cœur des préoccupations de Bruno Retailleau, l’entretien accordé au JDD aborde également d’autres sujets tout aussi sensibles. La question de la fin de vie, par exemple, est abordée avec précaution, tout comme celle de la démographie, deux thèmes qui touchent directement à l’avenir de la société française. Le ministre ne manque pas de rappeler l’importance d’une réflexion approfondie sur ces sujets, afin de garantir une cohérence dans les décisions prises.
En conclusion, cet entretien révèle les convictions profondes de Bruno Retailleau, ainsi que sa détermination à faire avancer des dossiers complexes. Face aux critiques et aux contraintes institutionnelles, il se présente comme un homme prêt à bousculer les codes pour défendre ce qu’il considère comme l’intérêt supérieur de la nation. Reste à savoir si cette approche audacieuse parviendra à convaincre les Français et à s’imposer dans le débat public.