« Le Rwanda et le M23 : une alliance ambiguë pour un avenir incertain »
Goma, 29 janvier. Dans un hôtel cinq étoiles de cette ville estrale de la République démocratique du Congo (RDC), deux figures rebelles ont tenu une conférence de presse jeudi dernier, où elles ont officialisé leur prise de contrôle de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. Le M23, un groupe rebelle soutenu par le Rwanda, a ainsi élargi son territoire à la région est de la RDC.
Bertrand Bisimwa, président du M23, et Corneille Nangaa, coordonnateur de l’Alliance fleuve Congo (AFC), ont déclaré leur intention de poursuivre leur marche de libération jusqu’à Kinshasa, la capitale du pays, et de renverser le régime actuel du président Félix Tshisekedi. Mais derrière ces déclarations, des réalités complexes et ambigües se cachent.
L’alliance entre le M23 et le Rwanda est particulièrement trouble. Les deux parties ont des intérêts divergents, mais semblent partager un objectif commun : renverser le gouvernement congolais. Cependant, il est difficile de comprendre réellement les motivations de chaque partie, car les communications entre elles sont rarement transparentes.
Pour comprendre la situation, il est important de remonter au début des années 2010, lorsque le M23 a été créé. Au moment, le groupe rebelle avait pour but de défendre les intérêts des Tutsi, minorité ethnique qui a souffert pendant la guerre civile congolaise des années 1990. Mais avec le temps, le M23 a élargi son objectif à la conquête du pouvoir et à la domination de la région est de la RDC.
Le Rwanda, quant à lui, a toujours été un soutien discret du M23. Mais il a également des intérêts stratégiques dans la région, notamment pour protéger ses frontières et contrer l’influence de la Tanzanie et d’autres pays de la région.
L’alliance entre le M23 et le Rwanda a commencé à prendre forme en 2012, lorsque le Rwanda a commencé à fournir des armes et des munitions au groupe rebelle. Depuis lors, les deux parties ont coopéré pour déstabiliser le gouvernement congolais et prendre le contrôle de la région est de la RDC.
Mais la situation actuelle est particulièrement complexe. Le M23 a déjà pris le contrôle de Goma et poursuit sa progression vers la capitale régionale, Bukavu. Si elle parvient à conquérir cette ville, elle aura une base solide pour poursuivre sa marche de libération jusqu’à Kinshasa.
Cependant, il est difficile de prévoir ce qui se passera à l’avenir. Le gouvernement congolais a déjà commencé à répondre aux menaces du M23 en envoyant des troupes à Goma. Et les forces armées régulières, les FARDC, ont également commencé à reprendre leur position dans la région.
Le cessez-le-feu humanitaire déclaré mardi dernier par le M23 a permis aux nombreux blessés de être pris en charge, mais il est resté incertain si ce cessez-le-feu durera longtemps. Les combats ont repris dans le Sud-Kivu, et il est difficile de prévoir si le M23 poursuivra sa progression vers Kinshasa.
En fin de compte, la situation actuelle est marquée par une grande incertitude. Le Rwanda et le M23 semblent partager un objectif commun, mais il est difficile de comprendre réellement les motivations de chaque partie. Les réalités de terrain sont complexes et ambigües, et il est impossible de prévoir ce qui se passera à l’avenir.