Les Pfas, ces "polluants éternels" qui inquiètent la santé publique
Depuis plusieurs mois, les avertissements se multiplient concernant les Pfas, ces substances chimiques persistantes et omniprésentes dans notre environnement. Présents dans l’eau, l’air, les aliments et même dans les produits de consommation courante, ces "polluants éternels" suscitent de plus en plus d’inquiétudes quant à leur impact sur la santé humaine. Récemment, l’entreprise publique Eau de Paris a publié les résultats d’analyses menées en 2024 sur 20 types de Pfas réglementés, confirmant que les eaux de Paris sont conformes aux normes en vigueur. Mais cette bonne nouvelle est à relativiser, car les Pfas représentent un problème de santé publique majeur qui nécessite une attention accrue.
Des résultats rassurants, mais à nuancer
Les analyses menées par Eau de Paris ont porté sur 51 prélèvements en sortie de six usines de traitement de l’eau, révélant que la plupart des échantillons ne contenaient pas de Pfas. Seuls 10 prélèvements en comportaient, à des valeurs 6 à 10 fois inférieures au seuil réglementaire. Cette norme, qui impose que la somme des concentrations de 20 Pfas jugés préoccupants ne dépasse pas 0,1 microgramme par litre d’eau, est considérée comme dépassée par certains scientifiques. De plus, sur les 20 Pfas surveillés, 14 n’ont jamais été détectés, selon Anne-Sophie Leclère, directrice générale adjointe d’Eau de Paris.
Des substances persistantes et ubiquitaires
Les Pfas, acronyme de "per- and polyfluoroalkyl substances", sont une vaste famille de molécules de synthèse qui ont été utilisées de manière intensive depuis les années 1950 en raison de leurs propriétés intéressantes pour l’industrie, telles que leur imperméabilité et leur résistance à la chaleur. Ces substances sont présentes dans de nombreux produits de consommation, tels que les ustensiles de cuisine, les textiles, les cosmétiques et les emballages alimentaires. Or, en raison de la solidité des liaisons carbone-fluor qu’elles contiennent, les Pfas sont très persistants dans l’environnement, ce qui les rend difficiles à éliminer.
Un impact sur la santé encore mal connu
L’impact des Pfas sur la santé humaine est encore mal compris, car seules une trentaine de ces substances ont été étudiées. Cependant, les effets les plus solidement identifiés incluent une augmentation du risque d’hypertension chez la femme enceinte, une hausse du cholestérol, une légère diminution du poids des bébés à la naissance ainsi qu’une réponse immunitaire réduite aux vaccins. De plus, deux Pfas en particulier, le Pfoa et le Pfos, sont suspectés d’être impliqués dans certains cancers. Il est clair que les Pfas représentent un enjeu de santé publique important qui nécessite une attention accrue.
Le TFA, un Pfas à surveiller
Le laboratoire d’Eau de Paris a également surveillé l’acide trifluoroacétique (TFA), un Pfas qui ne fait actuellement l’objet d’aucune réglementation. Les résultats ont révélé que la moyenne des échantillons contenaient 2,09 μg/l de TFA, avec un taux maximum de 3,7 μg/l, ce qui est inférieur à la limite recommandée par le ministère de la Santé. Cependant, ce résultat rappelle que le nombre de Pfas ne se limite pas aux 20 molécules inscrites sur la liste à surveiller, et qu’il est nécessaire de fixer des normes sanitaires pour les autres substances, telles que le TFA.
Une obligation de surveillance insuffisante
L’obligation de surveiller "seulement" 20 Pfas à partir de 2026 est considérée comme insuffisante par Eau de Paris, qui demande l’interdiction de la fabrication de Pfas. En effet, il existe des milliers d’autres Pfas dans l’environnement, potentiellement néfastes, et il est nécessaire de prendre des mesures pour prévenir leur pollution. Eau de Paris se positionne également en faveur du principe "pollueur-payeur", estimant que ce sont les pollueurs qui doivent supporter les coûts de l’élimination des Pfas, et non les usagers qui paient déjà leur facture d’eau.
Une plainte contre X pour faire bouger les lignes
Eau de Paris va déposer une plainte contre X dans les prochaines semaines pour faire bouger les lignes et obtenir des mesures concrètes pour lutter contre la pollution aux Pfas. Il est clair que les Pfas représentent un problème de santé publique majeur qui nécessite une attention accrue et des mesures efficaces pour prévenir leur pollution. Les résultats des analyses menées par Eau de Paris sont rassurants, mais il est nécessaire de ne pas se satisfaire de ces résultats et de continuer à surveiller et à lutter contre les Pfas pour protéger la santé publique.