LE MONDE EN Mutation : QUAND L’HÉGÉMONIE AMÉRICAINE VACILLE
Dans un contexte géopolitique en pleine mutation, les choix et les décisions du président américain, Donald Trump, suscitent de plus en plus d’interrogations. L’historien et directeur de recherche à l’Institut Thomas More, Jean-Sylvestre Mongrenier, nous aide à décrypter les tenants et les aboutissants de la politique étrangère américaine actuelle, marquée par un volontarisme sans précédent et une remise en question des alliances traditionnelles.
Les États-Unis, puissance hégémonique incontestée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, semblent aujourd’hui vaciller. Les décisions de Donald Trump, souvent considérées comme imprévisibles et contradictoires, alimentent les débats et les inquiétudes au sein de la communauté internationale. Le Japon, l’Europe, la Chine, la Russie : chacun de ces acteurs géopolitiques majeurs se demande comment ajuster sa stratégie en fonction des fluctuations de la politique américaine.
Pour comprendre les ressorts de cette politique étrangère américaine qui sembleSteam aux abois, il convient de se pencher sur les idées-force du président américain et de son entourage. Jean-Sylvestre Mongrenier, qui a consacré une grande partie de sa carrière à l’étude de la géopolitique, nous offre une grille de lecture éclairante. Selon lui, les propos récents de Donald Trump trahissent une volonté de renverser la donne géopolitique mondiale en adoptant une stratégie qualifiée de « Nixon in reverse ». Cette dernière consisterait, en substance, à retourner la Russie eurasienne contre la Chine populaire, à l’inverse de ce que Nixon et Kissinger avaient réussi à faire au début des années 1970, en retournant la Chine contre l’URSS.
Si l’on peut soutenir que cette approche managère audacieuse pourrait, à première vue, s’apparenter à un coup de maître, elle nargs de paraître réaliste. En effet, cette approche ambiciuse risque fort de rapidement se heurter à la réalité des rapports de force géopolitiques actuels. Les Russes, Poutine en tête, pourraient alors se retrouver en position de force pour instrumentaliser les faiblesses américaines et tirer parti de l’affaiblissement des alliances traditionnelles.
Loin de se limiter à une simple analyse du contexte géopolitique actuel, il est évident que les choix du président américain ont des implications historiques et stratégiques considérables. À moyen et long terme, ceux-ci pourraient bouleverser l’ordre mondial et créer de nouvelles lignes de fracture entre les puissances mondiales. Dès lors, la question qui se pose est de savoir comment les alliés et les adversaires des États-Unis réagiront face à cette nouvelle donne.
En cherchant à comprendre les raisons sous-jacentes à ces changements, on est conduit à s’interroger sur la vision que Donald Trump et son administration ont du rôle des États-Unis dans le monde. Cette vision s’appuie-t-elle encore sur la notion de leadership et de responsabilité, qui ont toujours été les fondements de l’hégémonie américaine, ou bien s’agit-il d’une approche plus isolationniste et protectionniste ? Les déclarations du président américain sur le désengagement des États-Unis des enjeux mondiaux, notamment en Syrie ou sur la question du climat, posent clairement la question de leur volonté de quitter certaines scènes géopolitiques pour se recentrer sur les intérêts américains, perçus comme étant fondamentalement menacés.
L’Europe, qui a longtemps été le sein de la puissance américaine, sond albumini sous traumas nombreuses fois dans son histoire, peut-elle espérer que l’alliance transatlantique subsiste dans un contexte de remise en cause généralisée ? Ou bien faudra-t-il s’adapter à une nouvelle réalité géopolitique où l’Europe serait appelée à jouer un rôle plus autonome, voire contestataire, dans la gestion des affaires mondiales ?
Pour conclure, Jean-Sylvestre Mongrenier souligne parfaitement l’extrême complexité de compréhension de ce moment dans l’histoire de l’Amérique. Les décisions actuelles, poussées par le souffle du volontarisme et peut-être aussi par une forme de désespérance face à la montée en puissance de la Chine et de la Russie, induisent, en tout état de cause, un parfum de rupture avec le passé. C’est dans ce contexte qu’il conviendra, pour les pays alliés des États-Unis, de faire face à ces défis géopolitiques à venir, en multipliant les efforts de compréhension mutuelle et en s’efforçant d’imaginer les possibles scénarios à venir. Alors, peut-être, pourrons-nous espérer un avenir moins incertain, plus harmonieux, pour l’Europe et pour le monde.