La Relation Franco-Algérienne : Un Hiver Diplomatique de Longue Durée
La relation bilatérale entre la France et l’Algérie traverse une période de glaciation sans précédent, qui risque de durer au moins jusqu’à la fin du mandat d’Emmanuel Macron. Cette situation est le reflet d’un monde en constante mutation, où les régimes autoritaires comme ceux d’Algérie, de Russie et des États-Unis sous la présidence de Trump, semblent dictatoriser les règles du jeu international.
Dans ce contexte de "sauvagerie" diplomatique, où la force et la démonstration de puissance sont les seules monnaies d’échange qui valent, la méthode douce et consensuelle des démocraties européennes semble avoir atteint ses limites. La France, en particulier, a décidé de durcir sa politique vis-à-vis du régime algérien, après avoir constaté que les méthodes traditionnelles de dialogue et de coopération n’ont pas permis de résoudre les problèmes bilatéraux.
L’ultimatum récemment lancé par Paris à Alger est un exemple flagrant de cette nouvelle approche. La France a accordé un délai de quatre à six semaines à l’Algérie pour réadmettre une "liste d’urgence" de personnes expulsées du territoire français, sous peine de remettre en question l’accord de 1968 qui facilite le séjour des Algériens en France. Cette décision est une réponse directe aux tensions récentes entre les deux capitales, notamment à l’attaque au couteau de Mulhouse, commise par un Algérien sous obligation de quitter le territoire français (OQTF), mais qui avait été quatorze fois refusé par Alger.
Cette affaire a mis en lumière les dysfonctionnements de la coopération bilatérale en matière de sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine. La France a dénoncé la mauvaise volonté de l’Algérie à prendre en charge ses ressortissants en situation irrégulière, alors que l’accord de 1968 prévoit explicitement la réadmission de ces personnes. La tentative avortée de renvoi de cet individu a été le dernier épisode d’une longue série de désaccords et de mésententes entre les deux pays.
La relation franco-algérienne est ainsi devenue un véritable casse-tête diplomatique, où les intérêts économiques, politiques et stratégiques s’entremêlent de manière complexe. L’Algérie est un partenaire important pour la France, notamment en matière de coopération énergétique et de sécurité régionale. Mais les deux pays ont également des intérêts contradictoires, notamment en ce qui concerne la question du Sahara occidental, où l’Algérie soutient le mouvement indépendantiste du Polisario, tandis que la France maintient des relations étroites avec le Maroc.
Dans ce contexte, la France a décidé de revoir sa stratégie vis-à-vis de l’Algérie, en mettant l’accent sur la sécurité et la lutte contre l’immigration clandestine. L’ultimatum lancé à Alger est un signal fort, qui vise à rappeler à l’Algérie ses obligations en matière de coopération bilatérale. Mais cette approche risque également d’aggraver les tensions entre les deux pays, et de mettre en péril les intérêts économiques et stratégiques de la France dans la région.
En effet, l’Algérie est un pays clé dans la région du Maghreb, avec une économie en pleine croissance et des réserves de gaz et de pétrole importantes. La France a investi massivement dans ce pays, notamment dans le secteur énergétique, et entretient des relations étroites avec les entreprises algériennes. Mais la détérioration de la relation bilatérale risque de mettre en péril ces intérêts, et de laisser le champ libre à d’autres puissances, comme la Chine ou la Russie, qui sont déjà très présentes dans la région.
En conclusion, la relation franco-algérienne est à un tournant critique, où les choix faits aujourd’hui risquent de déterminer l’avenir de la coopération bilatérale pour les années à venir. La France doit trouver un équilibre entre ses intérêts économiques et stratégiques, et la nécessité de défendre ses valeurs et ses principes en matière de sécurité et de lutte contre l’immigration clandestine. L’Algérie, de son côté, doit prendre en compte les préoccupations légitimes de la France, et travailler à améliorer la coopération bilatérale, notamment en matière de sécurité et de lutte contre la criminalité. Seul un dialogue franc et constructif entre les deux pays pourra permettre de débloquer la situation, et de retrouver un chemin de coopération et de confiance mutuelle.