.Liberté enfin retrouvée pour le journaliste algérien El Kadi Ihsane, après une longue et éprouvante détention
La nuit du 31 octobre au 1er novembre a marqué un tournant dans l’histoire du journalisme algérien, avec la libération du journaliste El Kadi Ihsane, emprisonné depuis décembre 2022. Cette décision intervient à l’occasion de la commémoration du 70e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, et elle bénéficie à quelque 4000 détenus, condamnés définitivement, dont des détenus de droit commun et ceux condamnés pour atteinte à l’ordre public.
La grâce présidentielle décidée par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, est une mesure qui a suscité un immense soulagement auprès de la famille et des proches d’El Kadi Ihsane, ainsi que de la communauté journalistique et des défenseurs de la liberté de la presse. Le fondateur des sites Radio M et Maghreb Émergent avait été arrêté le 24 décembre 2022 chez lui, à Zemmouri, dans la wilaya de Boumerdès, et placé en détention provisoire à la prison d’El Harrach le 29 décembre.
Les accusations portées contre lui étaient liées à la « perception de fonds de l’étranger » visant à « porter atteinte à la sécurité de l’État », ce que sa défense a toujours contesté. Selon ses avocats, le financement en question était une somme envoyée par sa fille, Tinhinane El Kadi, résidant au Royaume-Uni, pour les besoins du fonctionnement des deux médias dont elle est actionnaire.
Le procès d’El Kadi Ihsane a été marqué par de nombreuses controverses et a suscité une vague de solidarité à l’échelle nationale et internationale. Jugé en avril 2023 en première instance, il a été condamné à 5 ans de prison, dont trois ans fermes, avant que la peine ne soit aggravée à 7 ans de prison, dont cinq ans ferme, par la cour d’Alger à l’issue du procès en appel en juin 2023. La justice a également ordonné la dissolution de la société Interface Médias, qui éditait les deux sites, et la saisie de son matériel.
La peine est devenue définitive en octobre 2023, lorsque la Cour suprême a rejeté le pourvoi en cassation formulé par la défense du journaliste. Cette décision a suscité un immense élan de solidarité avec El Kadi Ihsane, ainsi que de nombreux appels à sa libération, y compris à l’étranger. La famille du journaliste a vécu des moments très difficiles pendant sa détention, comme en témoigne une déclaration publique rédigée le 12 octobre 2023, dans laquelle elle exprimait son choc et sa douleur face à la situation de son proche.
La libération d’El Kadi Ihsane est donc une décision qui a été accueillie avec soulagement et joie par tous ceux qui ont suivi son affaire et qui ont dénoncé les atteintes à la liberté de la presse en Algérie. Elle intervient dans un contexte où les défis à la liberté d’expression et à la liberté de la presse restent nombreux, et où les journalistes et les médias indépendants continuent de faire face à des obstacles et à des pressions. La libération d’El Kadi Ihsane est un signal positif, qui laisse espérer une évolution favorable pour la liberté de la presse et pour la démocratie en Algérie.