La Fin d’une Époque : L’Orlybus S’Arrête
Ce dimanche 2 mars, sous le soleil de Paris, une atmosphère mélancolique régnait dans le XIVe arrondissement. Les passants et les chauffeurs assistaient aux derniers tours de l’Orlybus, cette navette emblématique qui, pendant des décennies, a relié la place Denfert-Rochereau à l’aéroport d’Orly, transportant des millions de voyageurs.
Lancé dans les années 1960, l’Orlybus est devenu une référence pour les voyageurs. Apprécié pour sa rapidité et son accessibilité, il assurait un trajet d’environ 30 minutes, avec une fréquence variant entre 8 et 15 minutes selon l’heure. Au tarif de 13 €, les passagers pouvaient acheter leur billet à bord du bus, dans les stations, ou utiliser leur abonnement Navigo. Mais cette époque est désormais révolue.
Une Nostalgie Palpable
Devant la gare de Denfert-Rochereau, à 17h35, un groupe de personnes échangeait quelques mots : « On fait un dernier tour », lançait l’un d’eux. Un autre répondait : « Cela va nous manquer ». La nostalgie était palpable alors que la ligne disparaissait au profit du prolongement de la ligne 14 du métro. Ce projet, entamé en juin 2024, a vu la ligne 14 doubler sa longueur, desservant désormais Saint-Denis au nord et l’aéroport d’Orly au sud. Depuis, la fréquentation de l’Orlybus a chuté, les voyageurs se tournant de plus en plus vers le métro.
Les Derniers Moments de l’Orlybus
L’ambiance était particulière dans l’un des derniers passages de l’Orlybus. Le véhicule, presque vide, ne comptait au total que quatre clients à bord au départ de la gare de Denfert-Rochereau. Rémy, chauffeur de bus depuis six ans sur cette navette, expliquait : « Ce samedi 1er mars, j’ai fait des allers-retours avec zéro personne à bord ». En route pour Marseille, une passagère d’une quarantaine d’années s’étonnait : « Je ne savais pas que c’était la fin ». Plus loin, un ancien chauffeur montait à bord et s’arrêtait à l’arrêt Stade Charléty pour adresser un mot à son collègue : « Profite, c’est le dernier, bon courage ».
La Transition Difficile pour les Chauffeurs
Pour Rémy, la fermeture de l’Orlybus ne représentait pas simplement un changement de ligne, mais la fin d’une ère. « Celle que je classais première, c’était l’Orlybus », s’émerveillait-il. Ce « chauffeur hors ligne », comme il le précisait, n’y était pas affecté à temps plein. Lors de l’annonce de la fermeture, il s’y était préparé en réduisant progressivement ses trajets. « Quand on m’appelait et qu’on me disait ‘j’ai de l’Orlybus, tu veux ?’, je disais non », avouait-il, précisant qu’il souhaitait éviter un choc.
Aujourd’hui, Rémy a été réaffecté à d’autres lignes, comme la 62, qui relie Porte de Saint-Cloud à Porte de France. Un tout autre rythme : 1h10 de trajet et une soixantaine d’arrêts, loin des trois uniques escales de l’Orlybus. Un itinéraire qui était pour lui « plus agréable ». La ligne n’était pas qu’un trajet quotidien pour lui ; elle représentait une opportunité de se surpasser. « Cela me travaillait mon anglais », clament-il, soulignant l’aspect international des passagers, souvent en route pour leurs vacances.
La Nostalgie des Passagers
Les passagers de l’Orlybus étaient également nostalgiques. Une jeune femme, visiblement agacée par la situation, s’adressait au conducteur : « Puisque le bus disparaît, comment on fait maintenant, surtout avec les travaux sur la ligne 14 ? ». « Je me demande comment ils vont faire », soupire-t-elle, perplexe. En réponse, un superviseur de la RATP confiait : « Il y aura des navettes de remplacement par une de nos structures qui s’appelle Origami à Denfert-Rochereau », « à partir du 5 mars au soir ». Et elle n’était pas la seule à se poser des questions. Au retour d’Orly, en direction de la gare Denfert-Rochereau, un jeune voyageur regrettait : « Pourquoi ne pas avoir simplement réduit la fréquence ? Un départ toutes les 20 minutes aurait suffit. »
L’Évolution Naturelle des Choses
« C’est l’évolution naturelle des choses », nous confiait un superviseur de la RATP en poste depuis un an et demi et présent jusqu’au dernier jour pour accompagner ses équipes. « Des passionnés viennent récupérer tous les plans de ligne, des banderoles en souvenir », avouait-il, illustrant une certaine nostalgie de certains passagers, désireux d’emporter un morceau de l’Orlybus avant sa disparition.
L’Orlybus, cette navette emblématique, a donc cessé ses opérations, laissant place à une nouvelle ère de transports en commun à Paris. Les voyageurs devront désormais s’adapter à de nouvelles options, mais la nostalgie de l’Orlybus restera présente dans les mémoires de ceux qui l’ont emprunté pendant des années.