La pénurie de riz au Japon : un problème qui menace la sécurité alimentaire du pays
Le Japon, patrie de la culture du riz, est actuellement confronté à une pénurie sans précédent de cette céréale. Pour la première fois, le gouvernement a décidé de puiser dans les réserves d’urgence pour pallier la flambée des prix. Cette mesure exceptionnelle révèle les difficultés du pays à réformer sa politique rizicole et à garantir la sécurité alimentaire de sa population.
La question qui hante actuellement les Japonais est simple : "Y aura-t-il assez de riz ?" La réponse est loin d’être évidente. Les étals de riz se vident à vue d’œil, et les prix grimpent en flèche. En janvier, le cours du riz a bondi de 69% en un an, selon le ministère de l’Agriculture. Cette augmentation a un impact direct sur les ménages, qui doivent désormais consacrer une part plus importante de leur budget à l’achat de riz.
La situation est d’autant plus préoccupante que la récolte de riz de fin 2023 a été médiocre. Les rendements ont été affectés par les conditions climatiques défavorables, et les stocks de riz sont désormais en baisse. Les revendeurs de riz, comme Minoru Yamashita, petit commerçant de Tokyo, sont les premiers à sentir les effets de cette pénurie. "En juin, il n’y aura plus rien", s’inquiète-t-il, devant ses étagères en partie désertes.
La panique est telle que les rumeurs et la spéculation se sont emparées du marché. Sur les sites de vente en ligne, des revendeurs de riz ont fait leur apparition, proposant des quantités limitées de riz à des prix exorbitants. Les réseaux sociaux sont également remplis de théories du complot, certains accusant les Chinois d’être à l’origine de la pénurie. Cette psychose a déjà conduit à des épisodes de "panique du riz" l’été dernier, et les clients sont désormais prêts à s’affoler au moindre olması.
La situation est d’autant plus paradoxale que le Japon est l’un des plus grands producteurs de riz au monde. Cependant, la politique rizicole du pays est considérée comme l’une des plus protectionnistes au monde. Les tarifs douaniers élevés et les subventions à la production ont longtemps protégé les agriculteurs japonais, mais ils ont également contribué à réduire la compétitivité du secteur. Aujourd’hui, le pays est confronté aux limites de cette politique, et les consommateurs en paient le prix.
Le gouvernement japonais a donc décidé de puiser dans les réserves d’urgence pour stabiliser le marché. 210 000 tonnes de riz sur les 910 000 tonnes stockées seront ainsi mises sur le marché pour tenter de faire baisser les prix. Cependant, cette mesure est considérée comme un simple palliatif, et les experts estiment que le problème de fond doit être abordé.
La réforme de la politique rizicole japonaise est un sujet délicat, qui implique des intérêts contradictoires. Les agriculteurs, qui sont également des électeurs importants, sont attachés aux subventions et aux tarifs douaniers qui les protègent. Cependant, les consommateurs, qui sont les plus touchés par la pénurie, exigent une plus grande ouverture du marché et une meilleure compétitivité du secteur.
En attendant, les Japonais doivent faire face à une réalité difficile : le riz, qui est un élément essentiel de leur cuisine et de leur culture, est devenu un produit de luxe. Les petits revendeurs, comme Minoru Yamashita, doivent se battre pour survivre, tandis que les consommateurs doivent se résigner à payer des prix élevés pour un produit qui était jusqu’à présent considéré comme un droit acquis. La pénurie de riz au Japon est un problème qui menace la sécurité alimentaire du pays, et qui demande une réforme en profondeur de la politique rizicole.