Une vague de violence sans précédent secoue la Syrie : au moins 340 civils alaouites massacrés par le nouveau pouvoir
Depuis plusieurs jours, la côte syrienne est le théâtre d’une vague de violence sans précédent, qui a déjà fait au moins 340 morts parmi les civils alaouites, une minorité religieuse qui fournissait les cadres du régime de Bachar Al-Assad. Les combats ont éclaté dans une zone majoritairement alaouite, où les troupes du pouvoir, issu du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTC), ont lancé une opération de ratissage, semant la mort et la destruction.
Selon Fabrice Balanche, maître de conférences en géographie à l’Université Lyon-2 et spécialiste du Proche-Orient, les événements actuels sont la conséquence directe de la chute du régime de Bachar Al-Assad et de la prise de pouvoir par le HTC. "Le pouvoir a voulu venger l’humiliation qu’il a subie dans le sud de la Syrie, où les Druzes, une autre minorité religieuse, ont manifesté leur mécontentement contre les autorités", explique-t-il. "Les Israéliens ont menacé de bombarder la Syrie si le pouvoir s’en prenait aux Druzes, et le HTC a reculé. Il s’est alors retourné contre le Jebel alaouite, où des massacres ont été commis".
Les Alaouites, qui ont longtemps dominé le régime syrien, subissent depuis la chute de l’ancien régime des vexations et des persécutions de la part des nouveaux dirigeants sunnites fanatiques, qui les considèrent comme hérétiques. Les villages alaouites ont été éliminés par le HTC dans la poche d’Idleb qu’il contrôlait. Les Alaouites se sont organisés dans un conseil militaire et ont pris les armes, attisant ainsi les vieilles haines liées à cinquante années de domination Assad mais aussi de répression durant les treize ans de guerre.
Selon Balanche, le pouvoir a réagi aux résistances alaouites en envoyant des troupes pour épauler les forces de sécurité locales, qui ne sont pas nombreuses. "La priorité d’Ahmed al-Charaa, l’ancien dirigeant du HTC devenu président de la Syrie, est d’unifier les factions islamistes autour du HTC, officiellement dissous en janvier", explique-t-il. "Et pour cela, rien de tel qu’une contre-guerre contre les Alaouites, l’ancien ennemi".
Mais les troupes du HTC ne partagent pas la même philosophie que leur dirigeant. "Ils sont plus ou moins disciplinés et veulent se venger de treize années de guerre", souligne Balanche. "Rappelons que ce sont d’anciens djihadistes ! Ensuite, tous les gens de la côte syrienne, dans les villes de Jablé, Banias, Lattaquié, qui ont eu des morts à cause du régime syrien veulent aussi se venger".
Les massacres actuels ont des conséquences graves pour l’avenir de la Syrie. "Le régime d’Assad est tombé depuis trois mois et l’illusion autour du HTC se dissipe", estime Balanche. "Ce système djihadiste ne pouvait produire que de tels événements. Le pouvoir, afin d’obtenir la levée des sanctions, a voulu repousser le jour de la vengeance le plus loin possible, mais les hommes d’Al-Charaa ne pouvaient plus attendre".
Les minorités, comme les Kurdes et les Druzes, qui refusent de baisser les armes, ont désormais une raison de plus de craindre pour leur avenir. "Les massacres font jurisprudence pour les autres minorités", souligne Balanche. "Ils savent que s’ils déposent les armes, ils seront éliminés. La réunification pacifique de la Syrie s’éloigne progressivement".
En conclusion, la situation en Syrie est plus explosive que jamais, et les événements actuels risquent d’aggraver la crise humanitaire et politique qui secoue le pays. La communauté internationale doit prendre des mesures urgentes pour mettre fin à la violence et protéger les minorités, afin d’éviter que la Syrie ne sombre dans le chaos et la destruction.