LE DÉBAT ÉLECTORAL À PARIS, LYON ET MARSEILLE : UNE RÉFORME CONTESTÉE
Alors que la proposition de loi visant à modifier le mode de scrutin à Paris, Lyon et Marseille avant les municipales 2026 est attendue mercredi 12 mars en commission des lois à l’Assemblée, plusieurs sénateurs et maires d’arrondissements parisiens de droite ont envoyé une lettre au premier ministre, François Bayrou, pour exprimer leurs interrogations et leurs inquiétudes concernant ce projet de réforme.
UNE RÉFORME PRÉCIPITÉE ET NON CONCERTÉE
Les élus de la droite parisienne, dont les sénateurs Marie-Claire Carrère-Gée, Catherine Dumas, Agnès Evren et Francis Szpiner, ainsi que les maires d’arrondissement Florence Berthout, Geoffroy Boulard, Philippe Goujon, Jeanne d’Hautesserre et Jérémy Redler, ont envoyé un courrier à Matignon pour critiquer une réforme qu’ils jugent «précipitée et non concertée». Ils estiment que le contexte actuel de crise internationale ne justifie pas l’urgence déclarée pour une telle réforme, qui soulève de nombreuses questions au sein des différentes familles politiques, «tant sur le fond que sur la forme».
LE CONSENSUS, UNE CONDITION NON REMPLIE
Les élus parisiens rappellent que le premier ministre avait lui-même affirmé que l’adoption d’un tel texte nécessitait un consensus. Or, ils estiment qu’il est clair qu’aucun consensus n’existe, ni parmi les maires et élus des trois villes concernées, ni même au sein du Parlement. La lettre adressée à François Bayrou souligne également que les présidents des deux assemblées avaient souhaité saisir le Conseil d’État, mais que le «premier auteur de la proposition de loi» s’y était opposé, «entravant ainsi un travail législatif serein et éclairé».
UNE RÉFORME QUI SIGNERAIT LA MORT POLITIQUE DES MAIRES D’ARRONDISSEMENTS
La droite parisienne considère que cette réforme signerait la mort politique des maires d’arrondissements, qui ne siégeraient plus obligatoirement au Conseil de Paris. Agnès Evren, sénatrice et présidente de la fédération de Paris, explique que «nous ne sommes pas opposés sur le fond au suffrage universel direct, mais on met clairement la charrue avant les bœufs, car il serait préférable de réfléchir d’abord au statut de Paris avant de modifier le mode de scrutin». La proposition de loi traite seulement du mode électoral et pas du tout des compétences des maires d’arrondissement.
UNE RéFORME QUI CRÉERAIT DES INÉGALITÉS ENTRE LES ARRONDISSEMENTS
Les élus fustigent également la création d’une inégalité entre les arrondissements, qui serait causée par la surreprésentation de certains arrondissements et la sous-représentation d’autres au sein du Conseil de Paris. L’exemple choisi pour illustrer ce risque est le 15e arrondissement, administré par le maire LR Philippe Goujon, qui compte 235 000 habitants et produit 18 conseillers de Paris. «18 sur 163 conseillers de Paris, c’est important, mais avec la réforme, ce ne sera plus assuré», prévient-on chez LR, en défendant l’importance de la juste représentativité et de la proximité.
UNE GRANDE CONVENTION OU UNE MISSION D’INFORMATION
Les signataires pressent François Bayrou d’organiser une «réflexion d’ensemble» plus approfondie, en prévoyant une «grande convention» ou une «mission d’information» pour examiner les conséquences de cette réforme et trouver des solutions pour répondre aux inquiétudes des élus et des habitants. La droite parisienne estime que cette réforme doit être repensée pour prendre en compte les spécificités de chaque ville et les besoins de leurs habitants. Le débat en plénière à l’Assemblée aura lieu le 20 mars, et les élus parisiens espèrent que ce débat sera l’occasion de réexaminer cette proposition de loi et de trouver des solutions pour améliorer la démocratie locale.