La présence du sous-marin nucléaire d’attaque Tourville au port d’Halifax : un signe de la puissance française dans un contexte géopolitique tendu
Le 10 mars dernier, le sous-marin nucléaire d’attaque (SNA) français Tourville a fait surface dans les eaux glaciales du port d’Halifax, capitale de la province de Nouvelle-Écosse au Canada. Cette escale a suscité de nombreux commentaires et spéculations, notamment dans un contexte géopolitique particulièrement tendu entre les États-Unis et l’Europe. Mais qu’est-ce qui se cache derrière cette visite ?
Tout d’abord, il est important de noter que l’arrêt du Tourville au port d’Halifax est prévu de longue date. Il s’agit d’une étape du premier grand déploiement réalisé par le sous-marin, dans le cadre de la vérification de ses capacités militaires. Le Tourville est le dernier-né de la classe Suffren, issue du programme Barracuda, qui remplace progressivement les vieux SNA de la classe Rubis. Livré par la Direction générale de l’armement (DGA) en novembre dernier, il est parti de Toulon le 5 février, avant une admission au service actif prévue cet été.
Cette escale logistique à Halifax permettra à l’équipage de faire une pause à terre et au bâtiment de s’avitailler, notamment en vivres. Durant un mois, le Tourville a opéré sa première traversée transatlantique, mené des expérimentations dans l’extrême nord canadien et ainsi testé sa capacité à naviguer dans les glaces. Cette visite coïncide également avec un appel d’offres, officialisé en septembre par le Canada, pour l’achat de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle. Un contrat évalué à environ 40 milliards d’euros.
Naval Group, fleuron français de l’industrie navale de défense et concepteur du Tourville, s’est finalement positionné en février, avec une version à propulsion classique du SNA Barracuda. « À l’heure où le Canada annonce vouloir relancer sa capacité sous-marine, la France peut indéniablement apporter un savoir-faire unique », a souligné Bruno Heluin, attaché de défense près de l’ambassade de France à Ottawa.
Les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) servent traditionnellement de soutien aux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), fer de lance de la dissuasion française. Ils assurent la protection de groupes aéronavals, recueillent du renseignement et participent à la lutte sous-marine et antinavires. Mais les nouveaux SNA disposent également de nouveaux moyens de frappes dans la profondeur, avec les missiles de croisière navals (MdCN), qui leur permettront de mener des frappes au sol. Ils sont également équipés de quatre tubes lance-torpilles pour torpilles F21 et de missiles SM-39 Exocet anti-navires, et dotés d’une capacité de mise en œuvre des forces spéciales par un sas nageurs et par son hangar de pont.
La présence du Tourville au port d’Halifax est donc un signe de la puissance française dans un contexte géopolitique tendu. Elle montre que la France est prête à défendre ses intérêts et à partager son expertise avec ses alliés. Le Canada, qui cherche à relancer sa capacité sous-marine, pourrait être un partenaire intéressant pour la France dans les années à venir.
Un contrat lucratif pour Naval Group ?
L’appel d’offres canadien pour l’achat de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle est un contrat lucratif qui pourrait intéresser Naval Group. Le groupe français a déjà proposé une version à propulsion classique du SNA Barracuda, qui pourrait répondre aux besoins du Canada. Le passif entre les deux pays est compliqué, mais la France peut indéniablement apporter un savoir-faire unique dans le domaine de la construction de sous-marins.
La vente de SNA de classe Rubis au Canada avait été annulée in extremis en 1989, et le pays avait également préféré la frégate de Type 26 britannique aux dépens du modèle de frégate multimissions (FREMM) franco-italienne. Cependant, les choses pourraient changer dans les années à venir, notamment si le Canada décide de relancer sa capacité sous-marine.
Un contexte géopolitique tendu
Le contexte géopolitique est particulièrement tendu en ce moment, notamment entre les États-Unis et l’Europe. L’administration Trump se rapproche de la Russie pour trouver une paix en Ukraine, tout en menaçant d’annexer son voisin canadien. La France, qui est un partenaire important du Canada, doit donc être prudente dans ses relations avec les deux pays.
La présence du Tourville au port d’Halifax est donc un signe de la puissance française dans un contexte géopolitique tendu. Elle montre que la France est prête à défendre ses intérêts et à partager son expertise avec ses alliés. Le Canada, qui cherche à relancer sa capacité sous-marine, pourrait être un partenaire intéressant pour la France dans les années à venir.
Conclusion
La présence du sous-marin nucléaire d’attaque Tourville au port d’Halifax est un signe de la puissance française dans un contexte géopolitique tendu. Elle montre que la France est prête à défendre ses intérêts et à partager son expertise avec ses alliés. Le Canada, qui cherche à relancer sa capacité sous-marine, pourrait être un partenaire intéressant pour la France dans les années à venir. Le contrat lucratif pour l’achat de 12 sous-marins à propulsion conventionnelle est un défi pour Naval Group, qui doit montrer ses capacités pour convaincre les Canadiens de choisir la version à propulsion classique du SNA Barracuda.