L’Algérie Etouffe la Liberté de la Presse: Le Cas Ihsane El Kadi, un Journaliste otage de la Répression
La condamnation d’Ihsane El Kadi, directeur de Radio M et de Maghreb Émergent, à cinq ans de prison, dont trois ans ferme, et à une amende de 700 000 dinars algérien, a marqué un nouveau tournant dans la répression de la liberté de la presse en Algérie. Cette sentence, prononcée deux mois et demi après son arrestation, est le résultat d’un procès politique qui a démontré la volonté des autorités algériennes de faire taire un journaliste qui osait critiquer la politique du pays.
Ihsane El Kadi a été arrêté le 24 décembre dernier, après avoir publié des articles et des tweets qui remettaient en question les chiffres avancés par les autorités et la politique algérienne. Son arrestation a été suivie de la constitution d’un dossier d’accusation qui, selon son avocate, Me Zoubida Assoul, est basé sur des preuves Fragiles et des accusations fallacieuses. En effet, l’accusation parle de fonds étrangers qui auraient été reçus par Ihsane El Kadi, alors que ces fonds proviennent en réalité de sa fille, Tinhinan, actionnaire de l’entreprise.
Le procès d’Ihsane El Kadi a été marqué par de nombreuses irrégularités, notamment le refus du juge d’instruction et du juge du tribunal d’examiner les preuves à décharge apportées par la défense. Cette attitude a démontré une volonté délibérée de condamner le journaliste, quel que soit le coût pour la justice et la vérité. La dissolution de la société Interface Médias, qui regroupe les deux médias dirigés par Ihsane El Kadi, est une mesure qui vise à étouffer complètement la liberté de la presse en Algérie.
La condamnation d’Ihsane El Kadi a provoqué un tollé international, avec des appels à sa libération lancés par des organisations de défense de la liberté de la presse et des personnalités éminentes. Reporters Sans Frontières (RSF) a saisi la rapporteuse spéciale de l’ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d’opinion et d’expression, ainsi que le Groupe de travail de l’ONU sur la détention arbitraire, pour demander la libération d’Ihsane El Kadi. Le prix Nobel de la paix Dmitri Mouratov et quinze autres patrons de rédactions ont également appelé à la libération du journaliste et à la fin des entraves contre les médias qu’il dirige.
Avant l’énoncé du verdict, les équipes de RSF ont déposé 13 000 enveloppes devant l’ambassade d’Algérie pour symboliser les signatures recueillies par la pétition #FreeIhsaneElKadi. Cette campagne internationale montre que la communauté internationale est mobilisée pour défendre la liberté de la presse et les droits de l’homme en Algérie. Il est temps pour les autorités algériennes de prendre en compte ces appels et de libérer Ihsane El Kadi, ainsi que de respecter les droits fondamentaux des journalistes et des citoyens algériens.
La liberté de la presse est un pilier fondamental de la démocratie, et sa suppression est un signe de faiblesse et de peur de la part des autorités. En condamnant Ihsane El Kadi, les autorités algériennes ont montré leur peur de la vérité et de la critique, et leur volonté de maintenir un contrôle étroit sur l’information. Mais la vérité finit toujours par éclater, et la liberté de la presse finit toujours par triompher. Il est temps pour l’Algérie de rejoindre le rang des pays qui respectent les droits de l’homme et la liberté de la presse, et de libérer Ihsane El Kadi et tous les journalistes emprisonnés pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression.