La surveillance algorithmique : un outil de contrôle de masse dans les communes françaises
Depuis une dizaine d’années, de nombreuses communes françaises ont adopté un logiciel révolutionnaire pour analyser automatiquement les images de vidéosurveillance. Ce logiciel, développé par l’entreprise israélienne Briefcam, utilise l’intelligence artificielle pour visionner des heures de vidéo en quelques minutes, tout en analysant le contenu des images captées par les caméras. Mais cette technologie, qui a suscité un certain enthousiasme, pose également des questions éthiques et juridiques importantes.
L’affaire de Moirans : un arrêté du tribunal administratif de Grenoble
Le 24 janvier 2025, le tribunal administratif de Grenoble a rendu une décision sans précédent en enjoignant la mairie de Moirans (Isère) à arrêter d’utiliser le logiciel Briefcam pour l’analyse algorithmique d’images de télésurveillance. Cette décision intervient après une enquête menée par le média Disclose en 2023, qui avait révélé que la police nationale utilisait le logiciel de Briefcam de manière illégale. Selon l’enquête, le logiciel était utilisé pour analyser des images de vidéosurveillance sans l’autorisation des personnes filmées, ce qui constitue une violation de la vie privée.
La technologie de Briefcam : un outil de surveillance de masse
Le logiciel Briefcam utilise l’intelligence artificielle pour analyser les images de vidéosurveillance et détecter des objets, des personnes, des véhicules ou des comportements spécifiques. Cette technologie est capable de visionner une heure de vidéo en une minute, ce qui permet aux opérateurs de surveiller en temps réel les zones sous surveillance. Le logiciel est également capable de classifier les objets et les personnes détectés, ce qui permet de créer des profils de comportement et de prédire les actions futures.
Une technologie largement utilisée dans le monde
Le logiciel Briefcam est utilisé dans plus de quarante pays, notamment aux États-Unis, en Israël et en Europe. Il est souvent utilisé dans le secteur privé, notamment pour la surveillance de zones commerciales et industrielles. Mais son utilisation dans le secteur public, notamment pour la surveillance des zones urbaines, pose des questions éthiques importantes. En effet, la surveillance algorithmique peut être utilisée pour contrôler les comportements des citoyens et pour prédire leurs actions futures, ce qui constitue une violation de la liberté individuelle.
Les origines du logiciel Briefcam
Le logiciel Briefcam a été développé en 2008 par des enseignants en informatique de l’université hébraïque de Jérusalem. À l’origine, le logiciel était destiné à être utilisé pour la surveillance de zones sensibles, telles que les aéroports et les frontieres. Mais son utilisation s’est rapidement étendue à d’autres domaines, notamment la surveillance urbaine et la sécurité publique.
Les implications juridiques et éthiques
L’utilisation du logiciel Briefcam pour la surveillance algorithmique pose des questions juridiques et éthiques importantes. En France, la loi sur la protection des données personnelles interdit la collecte et l’analyse de données personnelles sans l’autorisation des personnes concernées. Mais l’utilisation du logiciel Briefcam pour la surveillance des zones urbaines peut être considérée comme une violation de cette loi, car les personnes filmées ne sont pas informées de la collecte et de l’analyse de leurs données.
Conclusion
La surveillance algorithmique est un outil de contrôle de masse qui pose des questions éthiques et juridiques importantes. L’utilisation du logiciel Briefcam pour la surveillance des zones urbaines peut être considérée comme une violation de la liberté individuelle et de la vie privée. Il est donc important de réguler l’utilisation de cette technologie et de garantir que les droits des citoyens sont respectés. Le tribunal administratif de Grenoble a rendu une décision importante en arrêtant l’utilisation du logiciel! Briefcam à Moirans, mais il est important de continuer à surveiller l’utilisation de cette technologie dans les communes françaises et de garantir que les droits des citoyens sont respectés.
Que peuvent faire les citoyens pour se protéger
Les citoyens peuvent prendre des mesures pour se protéger contre la surveillance algorithmique. Ils peuvent notamment demander à leurs élus locaux de s’opposer à l’utilisation du logiciel Briefcam pour la surveillance des zones urbaines. Ils peuvent également demander à être informés de la collecte et de l’analyse de leurs données personnelles. Il est également important de sensibiliser les citoyens aux risques de la surveillance algorithmique et de garantir qu’ils sont informés de leurs droits.
L’avenir de la surveillance algorithmique
L’avenir de la surveillance algorithmique est incertain. Alors que certains Pays continuent à développer et à utiliser cette technologie, d’autres pays sont plus prudents. La France a déjà pris des mesures pour réguler l’utilisation de la surveillance algorithmique, mais il est important de continuer à surveiller l’évolution de cette technologie et de garantir que les droits des citoyens sont respectés. Il est également important de développer des alternatives à la surveillance algorithmique, notamment des systèmes de surveillance qui respectent la vie privée et la liberté individuelle.