Le Musée des Beaux-Arts de Brest ferme ses portes pour quatre ans : le changement climatique est-il coupable ?
Le monde de l’art est sous le choc. Le Musée des Beaux-Arts de Brest, l’un des plus importants musées d’art de la région bretonne, a annoncé sa fermeture pour une durée de quatre ans. La raison ? Des moisissures envahissantes qui menacent dix-huit de ses œuvres, dont une peinture rare du XVIIIe siècle de la peintre autrichienne Angelica Kauffmann. La directrice du musée, Sophie Lessard, a estimé que la conception du bâtiment et le réchauffement climatique étaient les principaux facteurs de ce phénomène fulgurant et dévastateur.
La découverte de ces moisissures a été faite cet hiver, pendant la fermeture hivernale du musée. Immédiatement, les responsables ont pris des mesures pour limiter la propagation de la moisissure, qui peut se développer de manière exponentielle en 24 heures, contaminant ainsi l’ensemble de la collection. Des déshumidificateurs et des ventilateurs ont été installés dans les galeries permanentes pour stabiliser l’environnement, et des contrôles quotidiens sont effectués pour surveiller l’évolution de la situation.
Mais le problème est plus large que le musée de Brest. Selon Sophie Lessard, huit musées danois ont déjà été touchés par des phénomènes similaires, et il est clair que le changement climatique est en cause. "Il y a huit musées au Danemark qui ont été touchés par ces mêmes phénomènes et c’est clairement le changement climatique qui est aujourd’hui questionné", a-t-elle déclaré.
Le musée de Brest n’est pas à son premier épisode de lutte contre les moisissures. En 2019, il avait déjà dû fermer pendant deux semaines pour traiter un mycélium qui proliférait dans les réserves du musée depuis 2014. Un traitement de fond de restauration et de rénovation de ces locaux de stockages trop humides avait été décidé, mais il semblerait que cela n’ait pas suffi à résoudre le problème.
La fermeture du musée est une décision lourde, mais nécessaire, selon Sophie Lessard. "Le cœur d’un musée, c’est la préservation des collections. Et aujourd’hui, nous devons préserver à tout prix cette collection", a-t-elle déclaré. Le maire PS de Brest et président de la métropole, François Cuillandre, a confirmé que la décision était "lourde à prendre, mais qu’il fallait la prendre" pour transmettre les collections "aux générations futures".
Les 15 000 œuvres du musée seront transférées dans une nouvelle réserve qui sera ouverte en 2029, avec des conditions optimales pour la conservation des œuvres. Le bâtiment actuel du musée, qui date de 1968 et est mal ventilé, sera réhabilité ou reconstruit. Il est clair que le changement climatique va nécessiter des adaptations importantes dans le monde de l’art, pour protéger les œuvres qui nous ont été transmises par les générations précédentes.
Cette affaire soulève également des questions sur la prévention et la préparation des musées face aux effets du changement climatique. Les musées ont-ils les moyens de faire face à ces nouveaux défis ? Les collectionneurs et les amateurs d’art doivent-ils s’attendre à voir des œuvres disparaitre à cause de la moisissure et de la dégradation ? La communauté internationale doit-elle prendre des mesures pour protéger le patrimoine culturel face aux effets du changement climatique ?
Ces questions restent pour l’instant sans réponse, mais il est clair que le musée de Brest ne sera pas le dernier à fermer ses portes en raison du changement climatique. Il est temps pour les responsables de prendre des mesures pour protéger notre patrimoine culturel et préserver les œuvres d’art pour les générations futures.