Répression et autoritarisme en Algérie : le régime dans l’impasse
Le procès du journaliste Ihsane El Kadi, fondateur du site d’informations Maghreb Emergent, est prévu pour le 2 avril 2023. Le procureur a requis cinq ans de prison contre lui, un jugement qui s’inscrit dans la continuité de l’escalade répressive que connaît l’Algérie depuis l’arrivée au pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune. Pour Dalia Ghanem, analyste à l’European Union Institute for Security Studies (EUISS), cette vague de répressions est symptomatique d’un régime qui cherche à maintenir son emprise sur le pouvoir.
Selon Dalia Ghanem, Ihsane El Kadi est loin d’être le seul prisonnier d’opinion en Algérie. En effet, environ 280 à 300 personnes sont actuellement détenues dans les geôles algériennes pour leurs opinions, et la répression s’est accentuée depuis le confinement du Covid-19, qui a été utilisé par les autorités pour étouffer le mouvement de protestation populaire connu sous le nom de Hirak. La liberté d’expression, bien que théoriquement garantie, est en réalité soumise à des conditions strictes, et les journalistes indépendants comme Ihsane El Kadi sont considérés comme une menace pour le régime.
La répression en Algérie est une tactique classique utilisée par le régime pour effrayer la population et prévenir toute velléité de contestation. Les insultes et les accusations de "khabardji" (informateur) ou de "harki" (collaborateur) sont des expressions courantes utilisées par les autorités pour discréditer les opposants. La rhétorique de la peur est également utilisée pour justifier la répression, avec des accusations de "main étrangère" qui chercherait à nuire à l’Algérie.
Dalia Ghanem souligne que le régime algérien est caractérisé par une absence de vision politique stratégique, son seul objectif étant de se maintenir au pouvoir. Le président Abdelmadjid Tebboune, comme son prédécesseur Abdelaziz Bouteflika, est choisi par l’armée, qui est le véritable centre du pouvoir en Algérie. L’armée prend les décisions majeures et dirige le pays, même si elle ne gouverne pas au jour le jour.
Le départ du ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, du gouvernement est un signe de discorde au sein de l’appareil d’État, mais il ne constitue pas un signe de débat démocratique à venir. Ramtane Lamamra est un homme politique expérimenté qui connaît bien le continent africain et les instances de l’ONU, et son départ est un coup dur pour la diplomatie algérienne. Les rumeurs veulent que Lamamra ait des ambitions présidentielles, ce qui pourrait expliquer son départ.
En conclusion, la répression en Algérie est une réalité qui s’inscrit dans la continuité de l’escalade autoritaire du régime. Le procès d’Ihsane El Kadi et la détention de centaines de personnes pour leurs opinions sont des exemples de la répression que subit le pays. La liberté d’expression est menacée, et la rhétorique de la peur est utilisée pour justifier la répression. Le régime algérien, dirigé par l’armée, cherche à maintenir son emprise sur le pouvoir, et il est peu probable que le vent d’espoir démocratique que l’on a connu il y a trois ans ait un impact significatif sur la situation actuelle. La répression et l’autoritarisme sont les caractéristiques principales du régime algérien, et il est à craindre que la situation ne s’améliore pas dans un avenir proche.