LA TURQUIE PLONGE DANS L’AUTORITARISME : LE MAIRE D’ISTANBUL EKREM IMAMOGLU INCARCÉRÉ
La Turquie a franchi un cap inquiétant dans son glissement vers l’autoritarisme avec l’incarcération du maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, le principal rival du président Recep Tayyip Erdogan. Cette décision de justice a suscité une vague d’indignation et de colère dans tout le pays, après plusieurs jours de mobilisation massive dans les rues.
Le scénario du pire, redouté par beaucoup, est désormais une réalité. Ekrem Imamoglu, qui menaçait de battre le président Erdogan aux prochaines élections selon les prévisions de la plupart des sondages, a été emprisonné dimanche matin après quatre jours de garde à vue. Le maire d’Istanbul, démis de ses fonctions, est poursuivi dans le cadre de deux enquêtes : l’une pour "corruption" et l’autre pour "aide à un groupe terroriste" (le Parti des travailleurs du Kurdistan, ou PKK).
La détention d’Ekrem Imamoglu a été prononcée dans le cadre de la première enquête, et non pour les charges de terrorisme, ce qui signifie que les autorités turques ne devraient pas, en théorie, mettre sous tutelle la plus grande ville du pays. Le conseil municipal d’Istanbul, aux mains de l’opposition, devrait élire un nouveau maire le 26 mars. Cependant, cette décision de justice a déjà suscité de vives réactions et de nombreuses questions sur la neutralité de la justice turque.
L’incarcération d’Ekrem Imamoglu, ainsi que celle de 47 personnes dans le cadre des mêmes enquêtes, fait suite à plusieurs jours de mobilisation massive dans les rues. Les Turcs, qui ont déjà vécu des périodes de troubles politiques et de répression, ont une fois de plus exprimé leur mécontentement face à l’autoritarisme grandissant du régime. Les manifestants, qui ont défilé dans les rues d’Istanbul et d’autres villes, ont scandé des slogans contre le président Erdogan et exigé la libération d’Ekrem Imamoglu.
La communauté internationale a également réagi avec inquiétude à cette décision de justice. Les ambassadeurs de plusieurs pays, dont les États-Unis, l’Allemagne et la France, ont exprimé leur préoccupation face à l’érosion de la démocratie en Turquie. Le Haut commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a également déclaré que "la détention d’Ekrem Imamoglu et d’autres personnalités politiques est préoccupante et pourrait avoir des conséquences négatives pour la démocratie et les droits de l’homme en Turquie".
La Turquie, qui a déjà connu des périodes de troubles politiques et de répression, seems désormais plonger dans l’autoritarisme. Le président Erdogan, qui a concentré les pouvoirs entre ses mains depuis son arrivée au pouvoir en 2003, semble déterminé à éliminer toute opposition et à maintenir son emprise sur le pays. La détention d’Ekrem Imamoglu et la répression des manifestations sont des signes inquiétants de cette tendance autoritaire.
Les conséquences de cette décision de justice pour la démocratie turque sont déjà visibles. Les partis d’opposition, qui avaient espéré que les élections législatives de 2024 pourraient leur permettre de renverser le pouvoir, sont maintenant confrontés à une situation encore plus difficile. La répression des manifestations et la détention de personnalités politiques pourraient décourager les électeurs et réduire les chances de l’opposition de remporter les élections.
En fin de compte, la détention d’Ekrem Imamoglu et la répression des manifestations sont un signe de la faiblesse du régime d’Erdogan, qui semble incapable de tolérer l’opposition et la critique. La Turquie, qui a toujours été un pays laïc et démocratique, risque de perdre ces acquis et de glisser vers l’autoritarisme. Il est donc important que la communauté internationale continue de surveiller la situation en Turquie et de défendre les droits de l’homme et la démocratie dans ce pays.