La Justice En Danger en Algérie : Le Cas Ihsane El Kadi
La situation de Ihsane El Kadi, journaliste et directeur de la publication de Radio M et de Maghreb Émergent, est devenue un symbole de la crise de la justice en Algérie. Les conditions de son procès, entachées d’irrégularités et de pressions gouvernementales, posent de graves questions sur l’indépendance de la justice algérienne. Les membres du Collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi, dont je fais partie, considèrent que les garanties d’un procès équitable ne sont pas réunies pour leur client.
La détention d’Ihsane El Kadi est injustifiée et arbitaire. Malgré les demandes de libération déposées par ses avocats, il est maintenu en détention sans que les autorités algériennes ne fournissent de justifications valables. Le traitement de ces demandes a été entaché d’irrégularités, notamment la réunion de la Chambre d’accusation en l’absence de Ihsane El Kadi et de ses avocats. Cette situation est d’autant plus grave que Ihsane El Kadi présente toutes les garanties de représentation nécessaires pour être libre.
Parallèlement, Ihsane El Kadi est la cible d’une vaste campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux et sur les ondes de la radio publique algérienne. Le chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune, a lui-même accusé Ihsane El Kadi d’être "à la solde de puissances étrangères" et a qualifié Radio M et Maghreb Émergent de "médias illégaux". Ces accusations sont non seulement infondées, mais elles constituent également une atteinte grave aux principes d’indépendance de la justice et de présomption d’innocence. Dans un contexte algérien tendu, de telles accusations mettent en danger l’intégrité physique d’Ihsane El Kadi et du personnel de Radio M et de Maghreb Émergent.
Face à cette situation, Ihsane El Kadi a refusé de répondre aux questions pendant l’instruction, considerant que les conditions de son procès ne sont pas garanties. Les membres du Collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi rappellent que leur client est poursuivi en représailles de ses opinions politiques, qu’il n’a pas cessé de défendre publiquement malgré le harcèlement judiciaire qu’il subit depuis deux ans. Le dossier de l’accusation, tel qu’il a été révélé par ses avocats, est maigre et ne justifie pas les allégations mensongères de la campagne de diffamation menée à son encontre.
Les pressions exercées sur la justice par la presse publique et par le chef de l’État tendent à transformer l’audience du 12 mars 2023 en une simple formalité. Les membres du Collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi jugent que ces pressions sont contraires aux principes de l’état de droit et de la séparation des pouvoirs. Ils appellent les autorités algériennes à faire bénéficier Ihsane El Kadi des garanties d’un procès équitable, telles que prévues dans la législation algérienne.
En outre, les membres du Collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi demandent la libération immédiate de leur client, considérant que la détention provisoire n’est nullement justifiée dans son cas. Ils exigent également la mainlevée des scellés de Radio M et de Maghreb Émergent, qui pénalisent plus d’une trentaine de salariés et leurs familles.
La situation de Ihsane El Kadi est un test pour la justice algérienne et pour la communauté internationale. Il est essentiel que les autorités algériennes respectent les principes de l’état de droit et de la séparation des pouvoirs, et que la justice soit rendue de manière indépendante et impartial. Les membres du Collectif international des avocats d’Ihsane El Kadi seront vigilants et continueront à défendre les droits de leur client, qui est également un symbole de la liberté d’expression et de la démocratie en Algérie.