Un tournant historique pour le Rassemblement national : Jordan Bardella et Marion Maréchal en Israël pour lutter contre l’antisémitisme
Un événement sans précédent vient de se produire dans l’histoire du Rassemblement national (RN). Le président du parti, Jordan Bardella, et la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, Marion Maréchal, ont été officiellement invités par les autorités israéliennes à participer à une conférence internationale contre l’antisémitisme, qui se tiendra à Jérusalem mercredi et jeudi. Cette invitation constitue un tournant majeur pour la famille nationaliste, qui cherche à se dédiaboliser et à effacer les résidus de l’héritage antisémite de son fondateur, Jean-Marie Le Pen.
Un voyage historique pour le RN
Dix-huit mois après les attaques terroristes du Hamas en Israël, Jordan Bardella et Marion Maréchal se sont envolés pour l’État hébreu, marquant ainsi une première pour le dauphin et la nièce de Marine Le Pen. Invités par le ministre israélien des Affaires de la diaspora, Amichai Chikli, les deux eurodéputés voient dans ce voyage une occasion unique de parachever la dédiabolisation de leur camp, qui se heurte encore à des résistances dans l’opinion en raison des provocations antisémites répétées de Jean-Marie Le Pen.
Un contexte régional tendu
Malgré un contexte régional tendu, avec l’État hébreu reprenant ses bombardements sur la bande de Gaza pour forcer l’organisation djihadiste à libérer les otages restants, Jordan Bardella assume son déplacement en Israël. "Je ne suis pas là pour condamner ou ne pas condamner les opérations militaires, mais bien pour parler de la lutte nécessaire contre l’antisémitisme", a-t-il déclaré sur BFM-RMC, ajoutant qu’il souhaite engager un dialogue avec toutes les nations qui mènent un combat contre le fondamentalisme islamique.
Un programme chargé
Avant d’aborder la question de l’antisémitisme jeudi, Jordan Bardella prévoit de se rendre la veille dans le sud du pays pour visiter les kibboutz et les lieux du festival de musique Nova, deux sites emblématiques des massacres du Hamas. Il dînera ensuite le soir même avec le ministre israélien Amichai Chikli, puis enchaînera les rencontres à huis clos à la Knesset, le Parlement de l’État hébreu. Marion Maréchal devrait suivre le même programme que le leader du RN, avec pour objectif de porter un "témoignage d’amitié au peuple israélien", selon son entourage.
Des réserves au sein du RN
Ce voyage n’est pas sans susciter des réserves au sein du RN. "Quand bien même Israël est un allié, il ne faut pas apparaître trop proche de Netanyahou", met en garde un député nationaliste, appelant à "faire attention à ne pas être démesurément pro-israélien pour racheter les propos antisémites de Jean-Marie Le Pen". Le Crif, toujours méfiant à l’égard du RN, a également exprimé ses réserves, son président, Yonathan Arfi, accusant le parti d’"instrumentaliser" l’antisémitisme pour "se mettre en scène dans une stratégie de conquête du pouvoir".
Un renversement d’alliances
Outre les deux têtes d’affiche françaises, plusieurs représentants de partis européens de la droite nationaliste ont également été conviés au colloque, comme ceux de Fidesz (le mouvement du premier ministre hongrois, Viktor Orban), du Vox espagnol ou des Démocrates suédois. Ces formations ayant déjà été épinglées pour avoir compté des membres révisionnistes ou néonazis, leurs venues en Israël symbolisent à dessein le renversement d’alliances à la tête de l’État hébreu, où l’on considère désormais que la principale menace vient de "l’islamo-gauchisme".
Un défi pour le RN
Ce voyage en Israël constitue un défi pour le RN, qui doit naviguer entre son souci de se dédiaboliser et le risque de susciter des réserves au sein de son électorat. Marine Le Pen, qui n’a jamais pu se rendre en Israël et dont l’entrée a été refusée en 2006, peut toutefois se réjouir de voir son parti prendre une nouvelle orientation, qui pourrait contribuer à effacer les résidus de l’héritage antisémite de son père. Il reste à voir si cette nouvelle orientation produira les effets escomptés et si le RN parviendra à se débarrasser de son image de parti xenophobe et antisémite.