La Scène Syrienne se Réveille : Les Comédiens de Damas Reprennent la Parole
Après des années de semi-clandestinité, les comédiens syriens ont décidé de reprendre la scène, investissant les cafés de la capitale pour proposer une soirée de libre expression, un véritable havre de liberté dans un pays où la censure règne en maître depuis plus d’un demi-siècle. La soirée « micro ouvert » du Styria Comedy Club, organisée dans le café Karma de Damas, a attiré plus de 80 personnes, qui ont bravé le froid mordant de l’hiver damascène pour assister à un spectacle unique en son genre.
Dans la salle comble, les rires ont fusé sous les volutes de fumée, tandis que les comédiens, issus de divers horizons confessionnels et culturels, se sont relayés au micro pour offrir une soirée de plaisir et de dérision. Malki, un chrétien syriaque, a ainsi raconté comment sa mère avait découvert qu’il était au téléphone avec sa copine musulmane, et comment il avait préféré lui dire qu’il était homosexuel pour éviter les questions gênantes. Le public a éclaté de rire à cette histoire, qui reflète les complexités et les contradictions de la société syrienne.
La soirée a été l’occasion pour les comédiens de faire preuve de leur créativité et de leur audace, en abordant des sujets jusqu’alors tabous dans la société syrienne. Un Alaouite, un chrétien, un sunnite de Raqqa, un Palestinien et un Druze se sont succédé au micro, offrant un patchwork de la diversité religieuse et culturelle de la Syrie. Les blagues et les anecdotes ont fusé, dessinant un portrait de la société syrienne dans toute sa complexité.
« Ce n’est pas le début d’une blague, mais d’une guerre civile », a plaisanté Malki, en référence aux divisions et aux tensions qui ont déchiré le pays pendant des années. Mais derrière l’humour, les comédiens ont également abordé des sujets plus graves, tels que la guerre, l’oppression et la liberté d’expression. « Ce que nous avons traversé, ces années de guerre et d’oppression, nous a appris à rire de nous-mêmes et de nos difficultés », a déclaré l’un des comédiens.
La soirée a été un véritable succès, avec un public qui a applaudi et ri aux éclats. Les comédiens ont ainsi prouvé que, même dans un pays où la liberté d’expression est bridée, il est possible de trouver des moyens de s’exprimer et de résister à la censure. Le Styria Comedy Club a ainsi créé un espace de liberté et de créativité, où les Syriens peuvent se réunir et oublier, ne serait-ce que pour une soirée, les difficultés et les défis de leur quotidien.
Cette initiative est d’autant plus importante que la Syrie a connu une période de répression sévère, qui a décimé la scène artistique et culturelle du pays. Les comédiens, les écrivains et les artistes ont été contraints de se cacher ou de s’exiler pour échapper à la censure et à la répression. Mais avec la reprise de la scène par les comédiens de Damas, il semblerait que les choses commencent à changer.
La soirée « micro ouvert » du Styria Comedy Club a ainsi marqué un tournant important pour la scène artistique syrienne. Les comédiens ont montré que, même dans les circonstances les plus difficiles, il est possible de trouver des moyens de s’exprimer et de résister à la censure. Et le public a répondu présence, montrant que la soif de liberté et de créativité est toujours présente en Syrie, même après des années de répression.
En somme, la scène syrienne se réveille, et les comédiens de Damas reprennent la parole. Il est à espérer que cette initiative sera suivie d’autres, et que la scène artistique syrienne pourra à nouveau rayonner et s’exprimer librement. La soirée « micro ouvert » du Styria Comedy Club a ainsi ouvert une nouvelle page dans l’histoire de la culture syrienne, et il est à souhaiter que ce soit le début d’une nouvelle ère de liberté et de créativité pour les artistes et les comédiens syriens.