La bataille pour un internet plus sécurisé pour les mineurs : Clara Chappaz prend les devants
Alors que la question de la régulation de l’accès des mineurs aux réseaux sociaux fait l’objet d’un débat houleux, la ministre déléguée chargée du Numérique, Clara Chappaz, a décidé de prendre les devants. L’objectif : imposer aux plateformes un contrôle de l’âge de leurs utilisateurs pour empêcher les moins de 15 ans de créer un compte sur les réseaux sociaux. Cette initiative fait suite à une constatation alarmante : trois enfants sur quatre disposent d’un compte sur les réseaux sociaux avant l’âge de 13 ans, une situation que Clara Chappaz juge "inadmissible".
Il est important de noter que cette démarche n’est pas nouvelle. Au cours de l’été 2023, la loi Marcangeli avait été votée avec l’objectif d’instaurer une majorité numérique à 15 ans. Cependant, cette loi n’a jamais pu entrer en vigueur faute de décrets d’application, et a été retoquée par la Commission européenne en octobre 2023. La raison : cette loi fragmentait la régulation européenne du numérique, chacun des Vingt-Sept États membres risquant de choisir sa propre limite d’âge.
Un échec qui sert de leçon
Le gouvernement a tiré les leçons de ce passé récent. L’objectif actuel est de renforcer le DSA (Digital Services Act), en particulier les lignes directrices de l’article 28. Cet article traite spécifiquement des obligations des fournisseurs de services numériques en matière de protection des mineurs. L’idée est de trouver un équilibre entre la liberté d’accès à l’information et la nécessité de protéger les plus jeunes des contenus inappropriés et des risques associés aux réseaux sociaux.
L’opération "10 jours sans écrans" : un signal fort
Pour souligner l’importance de cette question, Clara Chappaz a inauguré mardi l’opération "10 jours sans écrans" dans une école de Bondy (Seine-Saint-Denis). Cette initiative vise à sensibiliser les enfants et les adolescents aux risques de l’exposition excessive aux écrans et aux réseaux sociaux. Pendant dix jours, les élèves sont encouragés à réduire leur utilisation des appareils électroniques et à trouver des alternatives plus saines pour passer leur temps libre.
La pression sur Bruxelles
La ministre déléguée chargée du Numérique entend faire pression sur les instances européennes pour que ce sujet soit intégré à la réglementation européenne. L’enjeu est de taille : assurer que les mineurs soient protégés de manière égale dans tous les États membres de l’Union européenne. La Commission européenne a déjà montré sa sensibilité à cette question en rejetant la loi Marcangeli. Il est maintenant temps pour les décideurs de prendre des mesures concrètes pour renforcer la protection des mineurs dans l’espace numérique.
Les défis à relever
Cette démarche ne sera pas sans défis. Les plateformes de réseaux sociaux et les fournisseurs de services numériques ont souvent argué que la mise en place de contrôles d’âge efficaces est techniquement difficile, voire impossible. Ils estiment que les systèmes actuels de vérification de l’âge sont facilement contournables et que les jeunes utilisateurs trouveront toujours des moyens de créer des comptes malgré les restrictions.
La futurologie de la protection des mineurs
Malgré ces obstacles, la protection des mineurs dans l’espace numérique est une question qui ne peut plus être éludée. Les réseaux sociaux et les services numériques sont devenus une partie intégrante de la vie quotidienne, et il est essentiel de garantir que les plus jeunes soient en mesure de les utiliser en toute sécurité. La futurologie de cette protection passera nécessairement par une coopération étroite entre les États membres, les instances européennes et les entreprises du numérique.
En somme, la bataille pour un internet plus sécurisé pour les mineurs est loin d’être gagnée. Cependant, avec la détermination de personnes comme Clara Chappaz et la prise de conscience croissante de l’importance de cette question, il est possible d’espérer que des progrès significatifs seront réalisés dans les prochains mois et années. Les enfants et les adolescents ont droit à une protection renforcée dans l’espace numérique, et il est de la responsabilité des adultes de garantir que cette protection leur soit offerte.