La Cour de cassation a rendu une décision importante concernant la dépossession de l’usufruit d’une veuve, suite à son négligence quant à l’entretien de la maison dont son mari lui avait légué l’usufruit (Cass. Civ 1, 2.10.2024, W 22-15.701). L’usufruit est un droit qui permet de jouir d’un bien, d’en percevoir les revenus et d’en assumer les charges, bien qu’il appartienne au nu-propriétaire. C’est à ce dernier que reviennent les dépenses de gros travaux. Cependant, la loi exige que l’usufruitier prenne soin du bien afin qu’il conserve sa valeur pour le nu-propriétaire, à qui il reviendra automatiquement à son décès ou à une date convenue.
La veuve contestant la décision de déposséder de son usufruit affirmait que des photographies prouvaient que la maison était habitable et bien meublée. Néanmoins, la Cour de cassation a tranché en faveur du nu-propriétaire.
En effet, l’usufruit peut être mis fin si l’usufruitier abuse de son droit en causant des dégradations ou en laissant le bien se détériorer. Il est de son devoir de veiller à ce que le bien conserve sa valeur, sous peine d’être privé de ses droits. Dans le cas présent, la veuve négligeait l’entretien de la maison, ce qui entraînait une baisse de sa valeur. Les voisins se plaignaient également de son état de délabrement, au point de nécessiter l’intervention de la municipalité. Face à cette situation, la justice a décidé d’extincti
on de l’usufruit et de le rendre anticipativement au nu-propriétaire. De plus, l’usufruitière a été condamnée à indemniser le propriétaire pour la perte de valeur subie par la maison.
Dans des cas moins graves, la loi donne au juge la liberté de décider de restituer l’usufruit au nu-propriétaire, tout en contraignant l’usufruitier à l’indemniser jusqu’à la date initialement prévue pour la fin de ce démembrement.
Cette affaire met en lumière l’importance pour les usufruitiers de prendre soin des biens qui leur sont confiés, non seulement pour respecter les dispositions légales, mais aussi pour maintenir la valeur du bien pour le propriétaire. L’abus de l’usufruit peut entraîner des conséquences juridiques conséquentes, comme la perte anticipée de ce droit ou l’obligation de verser des indemnités au nu-propriétaire.