Victor Dupont, un chercheur français de 27 ans et doctorant à l’Institut de recherches et d’études sur le monde arabe et musulman (Iremam) d’Aix-en-Provence, a été arrêté le 19 octobre à Tunis. Il a été placé en garde à vue pour « atteinte à la sécurité de l’État », un motif qui a déjà conduit à l’arrestation de plus d’une centaine de Tunisiens depuis l’instauration du régime présidentiel par Kaïs Saïed. Cependant, Dupont est le premier Français non binational à subir les conséquences de cette vague d’arrestations.
L’arrestation de Dupont a eu lieu de manière brusque alors qu’il s’apprêtait à partir en week-end avec des amis français. Plaqué contre un mur par des hommes en civil, il a été emmené au poste de police judiciaire d’El Gorjani. Ses amis ont été libérés après avoir passé plusieurs heures en détention, mais Dupont a été déféré au tribunal militaire du Kef, à une heure de Jendouba où il menait des recherches sur le terrain.
Victor Dupont risque jusqu’à 14 mois de détention préventive en vertu de la loi antiterroriste tunisienne de 2015. Son cas a été maintenu confidentiel pendant plus de dix jours sur les conseils de l’ambassade de France, mais a finalement été révélé par Le Point. Le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères a confirmé être en contact avec les autorités tunisiennes concernant ce dossier.
Les autorités tunisiennes envoient un message fort en arrêtant des chercheurs et des journalistes étrangers, montrant ainsi leur souveraineté et leur détermination. Cette stratégie vise également à renforcer les liens avec des pays comme l’Iran, la Chine et la Russie. La situation de Victor Dupont soulève des inquiétudes quant au respect des droits de l’homme et de la liberté d’expression en Tunisie, et met en lumière les tensions politiques et sociales qui persistent dans le pays.